Chronique d'octobre 1916 : La propagande allemande

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« Un document inédit », Le Petit Réveil, 12 octobre 1916, p.1. ADY - PER 1102/1

La propagande et les tentatives de démoralisation des soldats comme des civils deviennent un aspect fondamental dans le conflit. Grâce aux progrès de l’aviation on peut atteindre les populations civiles plus facilement et les tentatives pour saper le moral de l’arrière se multiplient.

Cet article du Petit Réveil retranscrit un tract de propagande allemande à destination des civils français. Etonnamment ce tract est livré presque brut, avec pour seuls commentaires qu’il « vaut la peine d’être dégusté » et que les « Boches » font preuve de « culot ».

Dans ce tract on retrouve deux éléments habituels de ce type de propagande : il s’agit de diviser le camp ennemi et de limiter le soutien de la population au gouvernement. Les Allemands cherchent à convaincre la population que les civils français vont être victimes du « plan diabolique » des Anglais. Ceux-ci, aux dires des Allemands, poussent le président de la République à agir en barbare en bombardant des civils allemands, « victimes innocentes », attaques auxquelles les Allemands se verront obligés de répliquer. Il faut montrer que le gouvernement français ne respecte pas les règles en vigueur et commet « un acte de barbarie qui n’a rien de commun avec la conduite de la guerre ». De plus le tract ne met pas en cause les aviateurs français en soulignant bien qu’ils auraient « pu se tromper dans l’exécution de leur mission » mais qu’en bons soldats ils ont agi « sur l’ordre exprès (du) gouvernement » C’est le « hasard » qui a permis aux Allemands de connaître ce plan : il s’agit d’écarter les soupçons d’espionnage et de légitimer le discours.

« Un document inédit », Le Petit Réveil, 12 octobre 1916, p.2. ADY - PER 1102/1

Ce tract permet aussi de prendre conscience du développement de l’aviation. Alors qu’en 1914 les avions sont surtout dédiés à la reconnaissance, les progrès vont être extrêmement rapides. Dès 1915 l’aviation commence à jouer un rôle important avec la naissance du combat aérien mettant aux prises des « as » tels Guynemer, Nungesser ou Richthofen le Baron rouge qui marquent les esprits. Dès 1916 l’aviation devient une arme à part entière, les appareils se diversifient et se spécialisent et les bombardiers apparaissent. Si au début de la guerre la supériorité aérienne change souvent de camp, à partir de la fin de 1917 ce sont les Alliés qui dominent définitivement le ciel. Au début de 1916, les Alliés qui s’étaient laissés distancer dans la course aux innovations reprennent le dessus et les Nieuports français surpassent les Fokkers allemands, ce qui peut expliquer la diffusion de ce type de tract qui correspond à une période de faiblesse de l’aviation allemande.

Ce que les Allemands taisent c’est que le bombardement de Karlsruhe a lieu en représailles au bombardement de Bar le Duc. Par ailleurs ils ont effectué de nombreux raids sur l’Angleterre entre 1915 et 1917 sans atteindre véritablement leur but, démoraliser les civils mais aussi toucher les usines.

Isabelle Attard-Aman


Pour aller plus loin :

Encyclopédie de la grande guerre, « avions et chars », Stéphane Audoin-Rouzeau

La première guerre mondiale, combats, Théâtres de guerre, Les airs, sous la direction de Jay Winter, Fayard, 2013

Propagande militaire aérienne et législation durant la Première Guerre mondiale (Aerial military propaganda and legislation during the First World War), Bernard Wilkin. Traduction de Robert A. Doughty

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