HAPPE, Maurice

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« Unguibus et rostro » (des ongles et du bec) est la devise de Maurice Happe lors de ses débuts dans l’aviation de bombardement à l’aube de la Grande Guerre. Elle lui vaut de nombreux surnoms, dont celui de « vautour de la Sierra » au vu de son habilité de pilote et de ses innovations dans les techniques de bombardement aérien.



Ses débuts

Maurice Happe est né le 15 avril 1882 à Saint-Germain-en-Laye et grandit dans une famille longuement établie dans la petite bourgeoisie de la ville. Il entre à Saint-Cyr en 1903 d’où il ressort avec la volonté d’évoluer au sein de la cavalerie. Un accident de cheval l’incitera à se tourner vers l’aviation, alors en plein essor depuis le début du siècle. Il intègre le Service de l’aéronautique en 1912, sa formation d’ingénieur le pousse dès lors à perfectionner les engins qui lui sont confiés à l’occasion de multiples opérations aériennes. En 1913, il obtient son brevet de pilote militaire.

La Grande Guerre

Dès le début de la guerre, Happe mène des missions aériennes de reconnaissance et de bombardement de sites ennemis, en Allemagne. C’est par sa fonction de capitaine acquise dès le mois de novembre qu’il va initier de nouvelles méthodes et stratégies. En fin d’année il est orienté vers l’armée des Vosges où il commande une escadrille de bombardement à Belfort. Ce n’est cependant pas avant mars 1915 que Maurice Happe illustre ses ambitions aériennes. Accompagné d’un mécanicien, il est alors missionné pour bombarder l’une des plus importantes poudreries allemandes à Rothweil, en Forêt noire. Les bombardiers monoplaces sont durant cette période en bois et toile, les largages d’obus sur les cibles visées se font à la main, ne permettant pas de ce fait des attaques toujours précises. A Rothweil, Happe lâche, à la main donc, trois obus sur la poudrerie d’où un incendie débute. Ce raid aérien lui vaut le nouveau sobriquet de « corsaire de l’air » ainsi qu’une mise à prix de sa tête de 25.000 marks allemands. Un mois plus tard, en avril 1915, les usines Zeppelin de Friedrichshaffen font également l’objet d’une visite détonante de Happe.

Happe édifie lors de ses nombreuses sorties aériennes de nouvelles tactiques de vol. L’une de celles-ci est la formation en V, permettant ainsi aux escadrilles de mieux riposter lors de tirs de feux croisés. Puis, une autre méthode prévaut, au moment du largage d’obus sur le lieu cible, un contrôle de bombardement : une prise de hauteur est alors nécessaire pour que le coéquipier note avec plus de précision les points d’impacts au sol. Avec Happe émanent de ce fait les prémices d’une stratégie en matière d’aviation de bombardement.

Ses innovations lui permettent en 1916 d’accéder au commandement de sa propre escadrille. En avril de la même année, des avions de volontaires américains se joignent à lui et ensemble, ils forment « l’escadrille La Fayette ».

En 1917, son attitude effrontée le contraint toutefois à être écarté de l’aviation. Il est donc transféré à l’infanterie avec laquelle il rejoint le front italien. Il restera officier à pied jusqu’à la fin de la guerre.

1918 et après

En 1919, Happe décide de s’engager dans la mission française en Pologne afin d’y réorganiser l’armée, notamment contre les troupes russes. Il reçoit durant son implication la Croix polonaise de la vertu militaire, remise par le maréchal Pilsudski. Il reste en Pologne jusqu’en 1923 et revient en France pour prendre le commandement d’un régiment d’aviation à Neustadt.

Le 20 octobre 1930, alors en vol non loin de Liège, en Belgique, Happe et le mécanicien l’accompagnant périssent lorsque l’avion s’écrase au sol.

Bibliographie

  • BOULET François, Leçon d’histoire de France, Saint-Germain-en-Laye, Les Presses Franciliennes, 2006.
  • KRUGLER Gilles, Le corsaire de l’air. Maurice Happe et la naissance du bombardement stratégique, Service historique de la Défense, 2005.