Différences entre versions de « Les réfugiés en Seine-et-Oise »

De Le Wiki de la Grande Guerre
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<p>Ces &eacute;vacu&eacute;s rapportent avec eux vers l&rsquo;int&eacute;rieur des r&eacute;cits qui vont contribuer &agrave; une vague de &laquo;&nbsp;Grande Peur&nbsp;&raquo;. D&egrave;s l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1914 et ce jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;automne, vont alors s&rsquo;op&eacute;rer des exodes en masse vers des zones non occup&eacute;es, loin du front et des r&eacute;cits des r&eacute;fugi&eacute;s de l&rsquo;est et du nord. De 1915 &agrave; 1917, les r&eacute;gions fran&ccedil;aises les plus touch&eacute;es par les combats et bombardements proc&egrave;dent &agrave; des &eacute;vacuations r&eacute;guli&egrave;res&nbsp;; ainsi 45.000 personnes sont &eacute;vacu&eacute;es de la r&eacute;gion de Verdun en f&eacute;vrier 1916.  Une deuxi&egrave;me cat&eacute;gorie de r&eacute;fugi&eacute;s se d&eacute;veloppe &agrave; partir de 1917 lors de la lib&eacute;ration et r&eacute;cup&eacute;ration de r&eacute;gions alors occup&eacute;es par les forces allemandes. Des habitants de la Somme, de l&rsquo;Oise et de nombreux d&eacute;partements de l&rsquo;est et du nord, consid&eacute;r&eacute;s comme &laquo;&nbsp;lib&eacute;r&eacute;s&nbsp;&raquo; sont redirig&eacute;s vers l&rsquo;int&eacute;rieur, loin des combats et des ruines. La troisi&egrave;me et derni&egrave;re cat&eacute;gorie de r&eacute;fugi&eacute;s est celle des &laquo;&nbsp;rapatri&eacute;s&nbsp;&raquo;&nbsp;: ces habitants des d&eacute;partements occup&eacute;s par l&rsquo;Allemagne sont autoris&eacute;s &agrave; revenir en France via la Suisse et la Haute-Savoie.  Sommaire&nbsp;:  Les r&eacute;fugi&eacute;s en Seine-et-Oise  Un sentiment d&rsquo;animosit&eacute;  Les Belges en Seine-et-Oise  Sources    Les r&eacute;fugi&eacute;s en Seine-et-Oise  La Seine-et-Oise va ainsi devenir, loin du front, un d&eacute;partement de refuge. Elle accueillera, outre des fran&ccedil;ais de l&rsquo;est et du nord, des r&eacute;fugi&eacute;s de l&rsquo;&eacute;tranger ayant vu leur pays totalement envahi par l&rsquo;ennemi. Nombreux sont les Belges, Serbes ou encore Arm&eacute;niens qui quittent leur pays natal pour des zones non occup&eacute;es en Europe.  En 1917, Paris et sa banlieue accueillent d&egrave;s lors entre 400 et 500.000 r&eacute;fugi&eacute;s, toutes nationalit&eacute;s confondues. A la suite du d&eacute;but d&rsquo;exodes massifs en 1914, le gouvernement fran&ccedil;ais met en place une politique d&rsquo;assistance envers les populations d&eacute;plac&eacute;es en raison de la guerre. Une circulaire du ministre de l&rsquo;Int&eacute;rieur du 1er d&eacute;cembre 1914 r&eacute;alise d&egrave;s lors&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;le principe essentiel de l&rsquo;assistance aux r&eacute;fugi&eacute;s sans ressources est que l&rsquo;Etat fran&ccedil;ais doit pourvoir, avec le concours patriotique des populations, &agrave; leur logement, &agrave; leur subsistance et &agrave; leur entretien&nbsp;&raquo;. L&rsquo;on organise un syst&egrave;me d&rsquo;allocations envers les personnes r&eacute;fugi&eacute;es sur le territoire fran&ccedil;ais, la population locale est &eacute;galement encourag&eacute;e &agrave; l&rsquo;accueil des familles &eacute;vacu&eacute;es. De m&ecirc;me, des maisons de famille des r&eacute;fugi&eacute;s sont mises en place dans les diff&eacute;rentes communes du d&eacute;partement afin de regrouper les familles r&eacute;fugi&eacute;es. Un sentiment d&rsquo;empathie marque alors l&rsquo;atmosph&egrave;re &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re. Des associations et &oelig;uvres de charit&eacute; sont &eacute;tablies dans les diff&eacute;rentes r&eacute;gions peu ou aucunement touch&eacute;es par les affrontements&nbsp;; en Seine-et-Oise et ailleurs, de nombreuses associations voient le jour, telles que le Comit&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s franco-belges de Versailles, l&rsquo;&OElig;uvre de l&rsquo;action sociale ou bien encore le Comit&eacute; g&eacute;n&eacute;ral des r&eacute;fugi&eacute;s de France. Ces associations se voient confi&eacute;es involontairement un autre r&ocirc;le&nbsp;: celui de r&eacute;concilier les r&eacute;fugi&eacute;s avec les populations locales, alors de plus en plus agac&eacute;es par la pr&eacute;sence de ces derniers.  Un sentiment d&rsquo;animosit&eacute;  La sympathie rapidement place &agrave; l&rsquo;agacement des locaux. Le 24 novembre 1915, le Bulletin des r&eacute;fugi&eacute;s du Nord publie un article suite &agrave; ce changement d&rsquo;atmosph&egrave;re&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;&agrave; la sympathie dont on les avait entour&eacute;s, d&rsquo;abord, parce-que leurs souffrance &eacute;taient comme la relative ran&ccedil;on de la relative tranquillit&eacute; des autres Fran&ccedil;ais, ont succ&eacute;d&eacute; l&rsquo;indiff&eacute;rence et m&ecirc;me, dans certains cas, la mauvaise humeur. On trouve que les r&eacute;fugi&eacute;s sont encombrants. On les traite comme des g&ecirc;neurs et m&ecirc;me comme des parasite&nbsp;&raquo;1. En cause, l&rsquo;impression que les r&eacute;fugi&eacute;s rechignent &agrave; trouver du travail et profitent ainsi du syst&egrave;me d&rsquo;allocations accord&eacute;es par l&rsquo;Etat.  Les Belges en Seine-et-Oise  Les r&eacute;fugi&eacute;s belges ont droit aux allocations en France, comme tout r&eacute;fugi&eacute;. Ils b&eacute;n&eacute;ficient de m&ecirc;me de la charit&eacute; priv&eacute;e, en plein essor durant la guerre. Le 20 d&eacute;cembre 1914 est ainsi organis&eacute;e une &laquo;&nbsp;Journ&eacute;e du drapeau belge&nbsp;&raquo;&nbsp;: la vente de drapeaux belges permet de r&eacute;colter des fonds &agrave; destination des populations r&eacute;fugi&eacute;es. En janvier 1915 apparaissent plusieurs comit&eacute;s visant &agrave; la protection et l&rsquo;accueil des Belges en France, parmi eux le Comit&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s franco-belges de Versailles qui couvre une grande partie du territoire de la Seine-et-Oise&nbsp;; il couvre tous les arrondissements du d&eacute;partement (Versailles, Mantes, Rambouillet, Corbeil et Etampes) sauf Pontoise. Le 8 ao&ucirc;t 1915, &agrave; l&rsquo;occasion de l&rsquo;anniversaire de la violation de la neutralit&eacute; de la Belgique (4 ao&ucirc;t 1914), le Comit&eacute; des &oelig;uvres d&eacute;partementales de Seine-et-Oise organise une journ&eacute;e de vente d&rsquo;insignes fabriqu&eacute;s sp&eacute;cialement pour cette journ&eacute;e&nbsp;: c&rsquo;est la &laquo;&nbsp;Journ&eacute;e Belge&nbsp;&raquo;. Ainsi, 10.000 insignes (m&eacute;dailles portant les armoiries de la ville de Li&egrave;ge) sont vendus ce 8 ao&ucirc;t, les fonds r&eacute;colt&eacute;s sont alors revers&eacute;s aux &oelig;uvres d&eacute;di&eacute;es aux r&eacute;fugi&eacute;s belges dans le d&eacute;partement, dont le Comit&eacute; franco-belge de Versailles.  Les Belges sont particuli&egrave;rement nombreux en Seine-et-Oise durant la guerre. Au 1e mai 1915, la Seine-et-Oise comptabilise au total 9.661 r&eacute;fugi&eacute;s, 2.991 d&rsquo;entre eux sont Belges. Parmi les autres, l&rsquo;on observe 6.656 Fran&ccedil;ais venus d&rsquo;autres r&eacute;gions, des Alsaciens-Lorrains et des Serbes. Le 30 juin 1918, 74.918 personnes ont trouv&eacute; refuge dans les diff&eacute;rents arrondissements du d&eacute;partement, plus de 15.000 sont d&rsquo;origine belge. Au 31 d&eacute;cembre 1918, m&ecirc;me apr&egrave;s la d&eacute;claration d&rsquo;armistice, la Seine-et-Oise sert toujours de terre d&rsquo;accueil pour plus de 80.000 r&eacute;fugi&eacute;s. Le nombre de r&eacute;fugi&eacute;s dans le d&eacute;partement commencera &agrave; d&eacute;cro&icirc;tre au d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e 1919.  Une partie de la population belge accueillie est consid&eacute;r&eacute;e avec un certain &eacute;gard&nbsp;: les enfants. Quelques orphelinats et colonies scolaires belges s&rsquo;installent en Seine-et-Oise pour la dur&eacute;e de la guerre. Ainsi, Le V&eacute;sinet a vu l&rsquo;installation d&rsquo;une colonie scolaire belge de la r&eacute;gion de Li&egrave;ge compos&eacute;e de quatre religieuses, d&rsquo;une adulte et de 41 enfants de 7 &agrave; 15 ans. Quant aux orphelinats, Pontoise fonde un orphelinat belge dans l&rsquo;ancien couvent de la Compassion o&ugrave; logent 46 jeunes filles rapatri&eacute;es d&rsquo;Allemagne au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;t&eacute; 19182. Les autorit&eacute;s insistent particuli&egrave;rement sur les conditions d&rsquo;hygi&egrave;ne dans lesquelles les enfants, de Belgique ou d&rsquo;ailleurs, sont log&eacute;s afin d&rsquo;&eacute;viter les &eacute;pid&eacute;mies. Malgr&eacute; cette insistance, au d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e 1916, une &eacute;pid&eacute;mie de dipht&eacute;rie est d&eacute;clar&eacute;e &agrave; Viroflay parmi des jeunes filles belges. Certaines communes accueillent quant &agrave; elles des enfants alsaciens ou bien serbes&nbsp;: en 1916, Jambville re&ccedil;oit 23 fillettes de Thann, en Haute-Alsace, leur commune &eacute;tant touch&eacute;e par des bombardements r&eacute;guliers. Des enfants serbes sont &eacute;galement log&eacute;s en Seine-et-Oise&nbsp;: 5 sont log&eacute;s au Coll&egrave;ge d&rsquo;Etampes pendant la guerre, 22 autres sont r&eacute;fugi&eacute;s &agrave; Cormeilles-en-Parisis.  A la fin de la guerre en 1918, tous les r&eacute;fugi&eacute;s, de Belgique ou d&rsquo;ailleurs, ne rentrent pas dans leur pays ou d&eacute;partement d&rsquo;origine. La Seine-et-Oise reste apr&egrave;s 1918 une terre d&rsquo;adoption pour de nombreux r&eacute;fugi&eacute;s.    Sources&nbsp;:  Archives d&eacute;partementales des Yvelines, 10R 45-60, 103J 38.  Notes et r&eacute;f&eacute;rences&nbsp;:  1 Bulletin des r&eacute;fugi&eacute;s du Nord, 15 novembre 1915 2 Archives d&eacute;partementales des Yvelines, 10R 49  Bibliographie&nbsp;:  Catalogue d&rsquo;exposition du Service &eacute;ducatif et culturel des Archives d&eacute;partementales des Yvelines, Les Fran&ccedil;ais et la guerre, 1914-1918, Conseil g&eacute;n&eacute;ral des Yvelines, 2008. PORTE R&eacute;my (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918, Robert Laffont, 2008. AUDOUIN-ROUZEAU St&eacute;phane, BECKER Jean-Jacques (dir.), Encyclop&eacute;die de la Grande Guerre, 1914-1918, Bayard, 2004.  Voir aussi&nbsp;: Maisons de famille Comit&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s franco-belges de Versailles &OElig;uvre de l&rsquo;action sociale Journ&eacute;e du drapeau belge&nbsp; Journ&eacute;e Belge  Indexation&nbsp;: Seine-et-Oise / Belgique / R&eacute;fugi&eacute;s / &OElig;uvres de guerre / Enfants pendant la Grande Guerre  Iconographie&nbsp;: 103J38 / 10R 45 (rapport du 31 d&eacute;cembre 1918)&nbsp;/ 10R 51 (t&eacute;l&eacute;grammes officiels d&rsquo;ao&ucirc;t 1917)</p>
 
<p>Ces &eacute;vacu&eacute;s rapportent avec eux vers l&rsquo;int&eacute;rieur des r&eacute;cits qui vont contribuer &agrave; une vague de &laquo;&nbsp;Grande Peur&nbsp;&raquo;. D&egrave;s l&rsquo;&eacute;t&eacute; 1914 et ce jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;automne, vont alors s&rsquo;op&eacute;rer des exodes en masse vers des zones non occup&eacute;es, loin du front et des r&eacute;cits des r&eacute;fugi&eacute;s de l&rsquo;est et du nord. De 1915 &agrave; 1917, les r&eacute;gions fran&ccedil;aises les plus touch&eacute;es par les combats et bombardements proc&egrave;dent &agrave; des &eacute;vacuations r&eacute;guli&egrave;res&nbsp;; ainsi 45.000 personnes sont &eacute;vacu&eacute;es de la r&eacute;gion de Verdun en f&eacute;vrier 1916.  Une deuxi&egrave;me cat&eacute;gorie de r&eacute;fugi&eacute;s se d&eacute;veloppe &agrave; partir de 1917 lors de la lib&eacute;ration et r&eacute;cup&eacute;ration de r&eacute;gions alors occup&eacute;es par les forces allemandes. Des habitants de la Somme, de l&rsquo;Oise et de nombreux d&eacute;partements de l&rsquo;est et du nord, consid&eacute;r&eacute;s comme &laquo;&nbsp;lib&eacute;r&eacute;s&nbsp;&raquo; sont redirig&eacute;s vers l&rsquo;int&eacute;rieur, loin des combats et des ruines. La troisi&egrave;me et derni&egrave;re cat&eacute;gorie de r&eacute;fugi&eacute;s est celle des &laquo;&nbsp;rapatri&eacute;s&nbsp;&raquo;&nbsp;: ces habitants des d&eacute;partements occup&eacute;s par l&rsquo;Allemagne sont autoris&eacute;s &agrave; revenir en France via la Suisse et la Haute-Savoie.  Sommaire&nbsp;:  Les r&eacute;fugi&eacute;s en Seine-et-Oise  Un sentiment d&rsquo;animosit&eacute;  Les Belges en Seine-et-Oise  Sources    Les r&eacute;fugi&eacute;s en Seine-et-Oise  La Seine-et-Oise va ainsi devenir, loin du front, un d&eacute;partement de refuge. Elle accueillera, outre des fran&ccedil;ais de l&rsquo;est et du nord, des r&eacute;fugi&eacute;s de l&rsquo;&eacute;tranger ayant vu leur pays totalement envahi par l&rsquo;ennemi. Nombreux sont les Belges, Serbes ou encore Arm&eacute;niens qui quittent leur pays natal pour des zones non occup&eacute;es en Europe.  En 1917, Paris et sa banlieue accueillent d&egrave;s lors entre 400 et 500.000 r&eacute;fugi&eacute;s, toutes nationalit&eacute;s confondues. A la suite du d&eacute;but d&rsquo;exodes massifs en 1914, le gouvernement fran&ccedil;ais met en place une politique d&rsquo;assistance envers les populations d&eacute;plac&eacute;es en raison de la guerre. Une circulaire du ministre de l&rsquo;Int&eacute;rieur du 1er d&eacute;cembre 1914 r&eacute;alise d&egrave;s lors&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;le principe essentiel de l&rsquo;assistance aux r&eacute;fugi&eacute;s sans ressources est que l&rsquo;Etat fran&ccedil;ais doit pourvoir, avec le concours patriotique des populations, &agrave; leur logement, &agrave; leur subsistance et &agrave; leur entretien&nbsp;&raquo;. L&rsquo;on organise un syst&egrave;me d&rsquo;allocations envers les personnes r&eacute;fugi&eacute;es sur le territoire fran&ccedil;ais, la population locale est &eacute;galement encourag&eacute;e &agrave; l&rsquo;accueil des familles &eacute;vacu&eacute;es. De m&ecirc;me, des maisons de famille des r&eacute;fugi&eacute;s sont mises en place dans les diff&eacute;rentes communes du d&eacute;partement afin de regrouper les familles r&eacute;fugi&eacute;es. Un sentiment d&rsquo;empathie marque alors l&rsquo;atmosph&egrave;re &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re. Des associations et &oelig;uvres de charit&eacute; sont &eacute;tablies dans les diff&eacute;rentes r&eacute;gions peu ou aucunement touch&eacute;es par les affrontements&nbsp;; en Seine-et-Oise et ailleurs, de nombreuses associations voient le jour, telles que le Comit&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s franco-belges de Versailles, l&rsquo;&OElig;uvre de l&rsquo;action sociale ou bien encore le Comit&eacute; g&eacute;n&eacute;ral des r&eacute;fugi&eacute;s de France. Ces associations se voient confi&eacute;es involontairement un autre r&ocirc;le&nbsp;: celui de r&eacute;concilier les r&eacute;fugi&eacute;s avec les populations locales, alors de plus en plus agac&eacute;es par la pr&eacute;sence de ces derniers.  Un sentiment d&rsquo;animosit&eacute;  La sympathie rapidement place &agrave; l&rsquo;agacement des locaux. Le 24 novembre 1915, le Bulletin des r&eacute;fugi&eacute;s du Nord publie un article suite &agrave; ce changement d&rsquo;atmosph&egrave;re&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;&agrave; la sympathie dont on les avait entour&eacute;s, d&rsquo;abord, parce-que leurs souffrance &eacute;taient comme la relative ran&ccedil;on de la relative tranquillit&eacute; des autres Fran&ccedil;ais, ont succ&eacute;d&eacute; l&rsquo;indiff&eacute;rence et m&ecirc;me, dans certains cas, la mauvaise humeur. On trouve que les r&eacute;fugi&eacute;s sont encombrants. On les traite comme des g&ecirc;neurs et m&ecirc;me comme des parasite&nbsp;&raquo;1. En cause, l&rsquo;impression que les r&eacute;fugi&eacute;s rechignent &agrave; trouver du travail et profitent ainsi du syst&egrave;me d&rsquo;allocations accord&eacute;es par l&rsquo;Etat.  Les Belges en Seine-et-Oise  Les r&eacute;fugi&eacute;s belges ont droit aux allocations en France, comme tout r&eacute;fugi&eacute;. Ils b&eacute;n&eacute;ficient de m&ecirc;me de la charit&eacute; priv&eacute;e, en plein essor durant la guerre. Le 20 d&eacute;cembre 1914 est ainsi organis&eacute;e une &laquo;&nbsp;Journ&eacute;e du drapeau belge&nbsp;&raquo;&nbsp;: la vente de drapeaux belges permet de r&eacute;colter des fonds &agrave; destination des populations r&eacute;fugi&eacute;es. En janvier 1915 apparaissent plusieurs comit&eacute;s visant &agrave; la protection et l&rsquo;accueil des Belges en France, parmi eux le Comit&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s franco-belges de Versailles qui couvre une grande partie du territoire de la Seine-et-Oise&nbsp;; il couvre tous les arrondissements du d&eacute;partement (Versailles, Mantes, Rambouillet, Corbeil et Etampes) sauf Pontoise. Le 8 ao&ucirc;t 1915, &agrave; l&rsquo;occasion de l&rsquo;anniversaire de la violation de la neutralit&eacute; de la Belgique (4 ao&ucirc;t 1914), le Comit&eacute; des &oelig;uvres d&eacute;partementales de Seine-et-Oise organise une journ&eacute;e de vente d&rsquo;insignes fabriqu&eacute;s sp&eacute;cialement pour cette journ&eacute;e&nbsp;: c&rsquo;est la &laquo;&nbsp;Journ&eacute;e Belge&nbsp;&raquo;. Ainsi, 10.000 insignes (m&eacute;dailles portant les armoiries de la ville de Li&egrave;ge) sont vendus ce 8 ao&ucirc;t, les fonds r&eacute;colt&eacute;s sont alors revers&eacute;s aux &oelig;uvres d&eacute;di&eacute;es aux r&eacute;fugi&eacute;s belges dans le d&eacute;partement, dont le Comit&eacute; franco-belge de Versailles.  Les Belges sont particuli&egrave;rement nombreux en Seine-et-Oise durant la guerre. Au 1e mai 1915, la Seine-et-Oise comptabilise au total 9.661 r&eacute;fugi&eacute;s, 2.991 d&rsquo;entre eux sont Belges. Parmi les autres, l&rsquo;on observe 6.656 Fran&ccedil;ais venus d&rsquo;autres r&eacute;gions, des Alsaciens-Lorrains et des Serbes. Le 30 juin 1918, 74.918 personnes ont trouv&eacute; refuge dans les diff&eacute;rents arrondissements du d&eacute;partement, plus de 15.000 sont d&rsquo;origine belge. Au 31 d&eacute;cembre 1918, m&ecirc;me apr&egrave;s la d&eacute;claration d&rsquo;armistice, la Seine-et-Oise sert toujours de terre d&rsquo;accueil pour plus de 80.000 r&eacute;fugi&eacute;s. Le nombre de r&eacute;fugi&eacute;s dans le d&eacute;partement commencera &agrave; d&eacute;cro&icirc;tre au d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e 1919.  Une partie de la population belge accueillie est consid&eacute;r&eacute;e avec un certain &eacute;gard&nbsp;: les enfants. Quelques orphelinats et colonies scolaires belges s&rsquo;installent en Seine-et-Oise pour la dur&eacute;e de la guerre. Ainsi, Le V&eacute;sinet a vu l&rsquo;installation d&rsquo;une colonie scolaire belge de la r&eacute;gion de Li&egrave;ge compos&eacute;e de quatre religieuses, d&rsquo;une adulte et de 41 enfants de 7 &agrave; 15 ans. Quant aux orphelinats, Pontoise fonde un orphelinat belge dans l&rsquo;ancien couvent de la Compassion o&ugrave; logent 46 jeunes filles rapatri&eacute;es d&rsquo;Allemagne au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;t&eacute; 19182. Les autorit&eacute;s insistent particuli&egrave;rement sur les conditions d&rsquo;hygi&egrave;ne dans lesquelles les enfants, de Belgique ou d&rsquo;ailleurs, sont log&eacute;s afin d&rsquo;&eacute;viter les &eacute;pid&eacute;mies. Malgr&eacute; cette insistance, au d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e 1916, une &eacute;pid&eacute;mie de dipht&eacute;rie est d&eacute;clar&eacute;e &agrave; Viroflay parmi des jeunes filles belges. Certaines communes accueillent quant &agrave; elles des enfants alsaciens ou bien serbes&nbsp;: en 1916, Jambville re&ccedil;oit 23 fillettes de Thann, en Haute-Alsace, leur commune &eacute;tant touch&eacute;e par des bombardements r&eacute;guliers. Des enfants serbes sont &eacute;galement log&eacute;s en Seine-et-Oise&nbsp;: 5 sont log&eacute;s au Coll&egrave;ge d&rsquo;Etampes pendant la guerre, 22 autres sont r&eacute;fugi&eacute;s &agrave; Cormeilles-en-Parisis.  A la fin de la guerre en 1918, tous les r&eacute;fugi&eacute;s, de Belgique ou d&rsquo;ailleurs, ne rentrent pas dans leur pays ou d&eacute;partement d&rsquo;origine. La Seine-et-Oise reste apr&egrave;s 1918 une terre d&rsquo;adoption pour de nombreux r&eacute;fugi&eacute;s.    Sources&nbsp;:  Archives d&eacute;partementales des Yvelines, 10R 45-60, 103J 38.  Notes et r&eacute;f&eacute;rences&nbsp;:  1 Bulletin des r&eacute;fugi&eacute;s du Nord, 15 novembre 1915 2 Archives d&eacute;partementales des Yvelines, 10R 49  Bibliographie&nbsp;:  Catalogue d&rsquo;exposition du Service &eacute;ducatif et culturel des Archives d&eacute;partementales des Yvelines, Les Fran&ccedil;ais et la guerre, 1914-1918, Conseil g&eacute;n&eacute;ral des Yvelines, 2008. PORTE R&eacute;my (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918, Robert Laffont, 2008. AUDOUIN-ROUZEAU St&eacute;phane, BECKER Jean-Jacques (dir.), Encyclop&eacute;die de la Grande Guerre, 1914-1918, Bayard, 2004.  Voir aussi&nbsp;: Maisons de famille Comit&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s franco-belges de Versailles &OElig;uvre de l&rsquo;action sociale Journ&eacute;e du drapeau belge&nbsp; Journ&eacute;e Belge  Indexation&nbsp;: Seine-et-Oise / Belgique / R&eacute;fugi&eacute;s / &OElig;uvres de guerre / Enfants pendant la Grande Guerre  Iconographie&nbsp;: 103J38 / 10R 45 (rapport du 31 d&eacute;cembre 1918)&nbsp;/ 10R 51 (t&eacute;l&eacute;grammes officiels d&rsquo;ao&ucirc;t 1917)</p>
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Catégorie:Populations (ou évolution sociétale)

Version du 23 juin 2015 à 16:10

L’avancée des troupes allemandes en Europe provoque partout sur le continent des mouvements de populations. Les réfugiés sont nombreux en France, l’on décompte plusieurs catégories : les évacués, les libérés et les rapatriés. Les premiers sont des civils fuyant l’invasion et les bombardements, à l’exemple des habitants des places fortes de Toul, Verdun ou encore Belfort, alors « bouches inutiles » évacuées du front.

Les papiers des réfugiés

Ces évacués rapportent avec eux vers l’intérieur des récits qui vont contribuer à une vague de « Grande Peur ». Dès l’été 1914 et ce jusqu’à l’automne, vont alors s’opérer des exodes en masse vers des zones non occupées, loin du front et des récits des réfugiés de l’est et du nord. De 1915 à 1917, les régions françaises les plus touchées par les combats et bombardements procèdent à des évacuations régulières ; ainsi 45.000 personnes sont évacuées de la région de Verdun en février 1916. Une deuxième catégorie de réfugiés se développe à partir de 1917 lors de la libération et récupération de régions alors occupées par les forces allemandes. Des habitants de la Somme, de l’Oise et de nombreux départements de l’est et du nord, considérés comme « libérés » sont redirigés vers l’intérieur, loin des combats et des ruines. La troisième et dernière catégorie de réfugiés est celle des « rapatriés » : ces habitants des départements occupés par l’Allemagne sont autorisés à revenir en France via la Suisse et la Haute-Savoie. Sommaire : Les réfugiés en Seine-et-Oise Un sentiment d’animosité Les Belges en Seine-et-Oise Sources Les réfugiés en Seine-et-Oise La Seine-et-Oise va ainsi devenir, loin du front, un département de refuge. Elle accueillera, outre des français de l’est et du nord, des réfugiés de l’étranger ayant vu leur pays totalement envahi par l’ennemi. Nombreux sont les Belges, Serbes ou encore Arméniens qui quittent leur pays natal pour des zones non occupées en Europe. En 1917, Paris et sa banlieue accueillent dès lors entre 400 et 500.000 réfugiés, toutes nationalités confondues. A la suite du début d’exodes massifs en 1914, le gouvernement français met en place une politique d’assistance envers les populations déplacées en raison de la guerre. Une circulaire du ministre de l’Intérieur du 1er décembre 1914 réalise dès lors : « le principe essentiel de l’assistance aux réfugiés sans ressources est que l’Etat français doit pourvoir, avec le concours patriotique des populations, à leur logement, à leur subsistance et à leur entretien ». L’on organise un système d’allocations envers les personnes réfugiées sur le territoire français, la population locale est également encouragée à l’accueil des familles évacuées. De même, des maisons de famille des réfugiés sont mises en place dans les différentes communes du département afin de regrouper les familles réfugiées. Un sentiment d’empathie marque alors l’atmosphère à l’arrière. Des associations et œuvres de charité sont établies dans les différentes régions peu ou aucunement touchées par les affrontements ; en Seine-et-Oise et ailleurs, de nombreuses associations voient le jour, telles que le Comité des réfugiés franco-belges de Versailles, l’Œuvre de l’action sociale ou bien encore le Comité général des réfugiés de France. Ces associations se voient confiées involontairement un autre rôle : celui de réconcilier les réfugiés avec les populations locales, alors de plus en plus agacées par la présence de ces derniers. Un sentiment d’animosité La sympathie rapidement place à l’agacement des locaux. Le 24 novembre 1915, le Bulletin des réfugiés du Nord publie un article suite à ce changement d’atmosphère : « à la sympathie dont on les avait entourés, d’abord, parce-que leurs souffrance étaient comme la relative rançon de la relative tranquillité des autres Français, ont succédé l’indifférence et même, dans certains cas, la mauvaise humeur. On trouve que les réfugiés sont encombrants. On les traite comme des gêneurs et même comme des parasite »1. En cause, l’impression que les réfugiés rechignent à trouver du travail et profitent ainsi du système d’allocations accordées par l’Etat. Les Belges en Seine-et-Oise Les réfugiés belges ont droit aux allocations en France, comme tout réfugié. Ils bénéficient de même de la charité privée, en plein essor durant la guerre. Le 20 décembre 1914 est ainsi organisée une « Journée du drapeau belge » : la vente de drapeaux belges permet de récolter des fonds à destination des populations réfugiées. En janvier 1915 apparaissent plusieurs comités visant à la protection et l’accueil des Belges en France, parmi eux le Comité des réfugiés franco-belges de Versailles qui couvre une grande partie du territoire de la Seine-et-Oise ; il couvre tous les arrondissements du département (Versailles, Mantes, Rambouillet, Corbeil et Etampes) sauf Pontoise. Le 8 août 1915, à l’occasion de l’anniversaire de la violation de la neutralité de la Belgique (4 août 1914), le Comité des œuvres départementales de Seine-et-Oise organise une journée de vente d’insignes fabriqués spécialement pour cette journée : c’est la « Journée Belge ». Ainsi, 10.000 insignes (médailles portant les armoiries de la ville de Liège) sont vendus ce 8 août, les fonds récoltés sont alors reversés aux œuvres dédiées aux réfugiés belges dans le département, dont le Comité franco-belge de Versailles. Les Belges sont particulièrement nombreux en Seine-et-Oise durant la guerre. Au 1e mai 1915, la Seine-et-Oise comptabilise au total 9.661 réfugiés, 2.991 d’entre eux sont Belges. Parmi les autres, l’on observe 6.656 Français venus d’autres régions, des Alsaciens-Lorrains et des Serbes. Le 30 juin 1918, 74.918 personnes ont trouvé refuge dans les différents arrondissements du département, plus de 15.000 sont d’origine belge. Au 31 décembre 1918, même après la déclaration d’armistice, la Seine-et-Oise sert toujours de terre d’accueil pour plus de 80.000 réfugiés. Le nombre de réfugiés dans le département commencera à décroître au début de l’année 1919. Une partie de la population belge accueillie est considérée avec un certain égard : les enfants. Quelques orphelinats et colonies scolaires belges s’installent en Seine-et-Oise pour la durée de la guerre. Ainsi, Le Vésinet a vu l’installation d’une colonie scolaire belge de la région de Liège composée de quatre religieuses, d’une adulte et de 41 enfants de 7 à 15 ans. Quant aux orphelinats, Pontoise fonde un orphelinat belge dans l’ancien couvent de la Compassion où logent 46 jeunes filles rapatriées d’Allemagne au début de l’été 19182. Les autorités insistent particulièrement sur les conditions d’hygiène dans lesquelles les enfants, de Belgique ou d’ailleurs, sont logés afin d’éviter les épidémies. Malgré cette insistance, au début de l’année 1916, une épidémie de diphtérie est déclarée à Viroflay parmi des jeunes filles belges. Certaines communes accueillent quant à elles des enfants alsaciens ou bien serbes : en 1916, Jambville reçoit 23 fillettes de Thann, en Haute-Alsace, leur commune étant touchée par des bombardements réguliers. Des enfants serbes sont également logés en Seine-et-Oise : 5 sont logés au Collège d’Etampes pendant la guerre, 22 autres sont réfugiés à Cormeilles-en-Parisis. A la fin de la guerre en 1918, tous les réfugiés, de Belgique ou d’ailleurs, ne rentrent pas dans leur pays ou département d’origine. La Seine-et-Oise reste après 1918 une terre d’adoption pour de nombreux réfugiés. Sources : Archives départementales des Yvelines, 10R 45-60, 103J 38. Notes et références : 1 Bulletin des réfugiés du Nord, 15 novembre 1915 2 Archives départementales des Yvelines, 10R 49 Bibliographie : Catalogue d’exposition du Service éducatif et culturel des Archives départementales des Yvelines, Les Français et la guerre, 1914-1918, Conseil général des Yvelines, 2008. PORTE Rémy (dir.), Dictionnaire de la Grande Guerre, 1914-1918, Robert Laffont, 2008. AUDOUIN-ROUZEAU Stéphane, BECKER Jean-Jacques (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918, Bayard, 2004. Voir aussi : Maisons de famille Comité des réfugiés franco-belges de Versailles Œuvre de l’action sociale Journée du drapeau belge  Journée Belge Indexation : Seine-et-Oise / Belgique / Réfugiés / Œuvres de guerre / Enfants pendant la Grande Guerre Iconographie : 103J38 / 10R 45 (rapport du 31 décembre 1918) / 10R 51 (télégrammes officiels d’août 1917)

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