Paroisse protestante de Versailles

De Le Wiki de la Grande Guerre

La Paroisse pendant la guerre:

Tout au long de la Grande Guerre la paroisse protestante de Versailles (513 membres en 1914) reste profondément attachée à celui qui en est devenu le 1er janvier 1914, après 25 ans de ministère, pasteur honoraire : Hippolyte-Jean Messines (résidant à Versailles, il était prévu qu’il assure encore quelques prédications). Le pasteur Marcel Monod, arrivé en novembre 1913 (et qui restera jusqu’en 1943) est mobilisé comme infirmier à Nîmes dès août 1914. Le pasteur Messines reprend donc toutes ses fonctions et organise immédiatement dans le temple des réunions quotidiennes d’édification et de prière qu’il préside (il est parfois remplacé par des pasteurs mobilisés à Versailles comme infirmiers). Ces réunion « si bienfaisantes et particulièrement bien suivies » continuent en novembre 1915 (le chauffage du temple est alors envisagé) mais sont moins régulières en 1917. Il fait aussi de très nombreuses visites, en particulier aux familles endeuillées.

On constate qu’en avril 1915 le pasteur Monod est revenu à Versailles et peut assurer une partie de son ministère. Il a alors l’espoir d’être nommé aumônier des hôpitaux de la ville. Il a été effectivement « affecté à l’hôpital militaire (où en 1917 il s’est offert à une transfusion sanguine) et put ainsi, secondé par Mme Monod, faire face aux besoins de la paroisse quand à plusieurs reprises, je dus m’arrêter pour raison de santé » écrit le pasteur Messines en 1917.

A la demande de paroissiens et avec le soutien du Conseil presbytéral le pasteur Messines publie en 1917 « Consolez mon peuple », ouvrage qui contient 14 sermons prononcés à Versailles d’août 1914 à juillet 1916, où « j’ai mis, écrit-il, toute mon âme, et tout mon cœur de Français et de chrétien, de pasteur et de vieil ami ». L’ouvrage commence par une dédicace « aux officiers, sous-officiers et soldats dont les noms suivent anciens élèves de notre école du dimanche, anciens catéchumènes, anciens membres de la paroisse, morts pour la France », suivie du nom, grade, date de décès et âge de 45 soldats morts entre le 7 août 1914 et le 3 octobre 1916 (parmi eux beaucoup d’élèves de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, dont il avait été aumônier, qui ne figurent pas sur la plaque du temple). Animé, comme la majorité de ses contemporains, d’un profond patriotisme le pasteur Messines est convaincu, dans ses sermons, du bon droit de la France dont « le peuple combat en provoqué et non en assaillant » et dont « la cause est sacrée ». Il exprime donc un encouragement à combattre tout en affirmant « la guerre est maudite ». Pour consoler les familles affligées, il affirme : « A nos pleurs se mêlent notre fierté et notre espérance » et plus loin « Soyons heureux du bonheur dont là-haut ils jouissent à jamais ». Cependant en 1916 la victoire ne lui paraît plus complètement assurée. Tout au long de cette période où, a-t-il précisé en introduction de son livre, « je n’avais qu’une chose à faire : de la cure d’âme », il s'est tenu « en communion avec les pensées de ses paroissiens » tout en appelant « à notre secours la force qui vient de Dieu » et en répétant « Lisons la Bible et prions ».

Beaucoup de réunions du Conseil presbytéral ne font allusion à la guerre qu’à propos de problèmes financiers (participation aux emprunts de guerre, indemnités de vie chère..) mais le 11 novembre 1918, jour de l’armistice, le Conseil presbytéral lors d’une réunion prévue et chargée, fixe la forme du culte du dimanche suivant présidé par les deux pasteurs : «Bien qu’il ne s’agisse pas encore de la Paix, nous devons célébrer avec émotion et reconnaissance le jour où le canon se tait et où il semble que la terrible tuerie prenne fin. Les drapeaux aux couleurs des nations alliées seront placés au temple au-dessus du portail et à l’intérieur, au dessus de la chaire un faisceau de drapeaux français. ..en plus des cantiques de circonstance l’orgue jouera la Marseillaise ».

Une plaque à la mémoire des paroissiens morts pour la patrie, dont la pose avait été décidée dès le 27 mars 1916, financée par une souscription, est inaugurée le 23 novembre 1919 en présence de diverses autorités et des familles. Dans un message transmis par le Pasteur Messines, souffrant, celui-ci déclare : « Nos glorieux morts, ces chers enfants de l’Eglise… leur vieux pasteur les salue : il les a tous connus, tous aimés, tous pleurés ; il les pleure toujours » avant d’énumérer d’autres noms qui n’y figurent pas et il ajoute « Dites-vous bien, ô vous qui pleurez, qu’ils ne sont pas perdus. Ils sont allés à Dieu, et en Dieu, dans l’au-delà, à des activités plus hautes et meilleures ».

Notons que les pasteurs de Versailles ont présidé de nombreux services funèbres en lien avec la guerre : pour 4 paroissiens, pour des militaires français décédés à l’hôpital de Versailles mais aussi pour des Allemands, 2 blessés à la guerre mais aussi, entre le 9 septembre et le 22 novembre 1918, 14 soldats prisonniers, vraisemblablement victimes de la grippe espagnole.

Les morts pour la France de la paroisse

39 noms apparaissent sur la plaque parmi lesquels ceux de cinq fratries dont les familles ont été particulièrement touchées.

Les Reuss : Rodolphe Reuss, historien de l’Alsace et de Strasbourg, a quitté l’Alsace avec sa famille en 1896 pour que ses trois fils échappent à la conscription dans l’armée allemande. Installé à Versailles, il devient professeur à l’Ecole des Hautes Etudes pendant que ses fils poursuivent leurs études au lycée Hoche. L’aîné, Edouard, entre à Saint-Cyr et après différents postes est basé à Belfort début 1914. Il a la joie d’entrer à Mulhouse à la tête de ses hommes dans les tout premiers jours de la guerre, puis il est envoyé dans la Marne. Paul a fait de brillantes études d’ingénieur en électrotechnique. A 34 ans, réserviste il est mobilisé en août 1914 comme 2ème classe mais espère que sa bonne connaissance de l’allemand pourrait être utile dans un poste d’interprète. Il quitte Versailles le 12 août et après quelques jours de formation à Falaise il découvre le front le 30 août et participe à la bataille de la Marne. Il est tué le 26 septembre 1914, jour de la naissance de son 3ème enfant. Dans la lettre-testament du 18 septembre trouvée sur lui il écrit « la belle ardeur est tombée avec les illusions, le courage heureusement subsiste… Que Georges sache que s’il est orphelin, c’est pour le défendre que son père est mort » (sa veuve, Marguerite Cadier-Reuss, a laissé des cahiers avec les lettres qu’ils ont échangées depuis leurs fiançailles et celles qu’elle lui a écrites après sa mort. Ces « Lettres à mon mari disparu » viennent d’être publiées chez l’Harmattan). Armand, le plus jeune, qui avait été réformé, a tout fait pour s’engager lui aussi et a été affecté dans la compagnie de son frère aîné. Mais lors du début de l’offensive de Champagne en septembre 1915, à Souain (Marne), Edouard est tué, le 25, à 36 ans, d’une balle dans la tête alors qu’il examine le terrain (il laisse une fille) et Armand, 33 ans, touché en portant un message le lendemain le rejoint dans la mort, un an après Paul. Leur père, prévenu par sa fille Lucie, le 9 octobre écrit alors «J’étais hanté par la possibilité de cette catastrophe depuis plus d’un an… il est bien difficile de dire, que la volonté de Dieu soit faite ». Mais le 11 novembre 1918 il peut ajouter « C’est une consolation suprême à nos deuils cruels de savoir que nos chers fils ne sont pas morts en vain, et que notre terre d’Alsace va redevenir française». Edouard et Armand reposent dans la même nécropole militaire à Souain (Marne) ; la tombe de Paul, elle, est à Cormicy (Marne).

Les Sébald : une famille de 11 enfants (7 garçons et 4 filles) dont le père, Louis-Frédéric, était venu d’Allemagne en 1867. Henri, né allemand naturalisé français en 1890, commerçant, 25 ans, brigadier au 23ème dragon a été le premier soldat français tué en Belgique, à Houffalize, le 7 août 1914, à 7H30. Arrivé au matin avec son escadron, il a voulu sommer de se rendre des Allemands cernés dans un hôtel par une cinquantaine de dragons et a été tué sur le perron. Il a été inhumé le lendemain en même temps que 3 soldats allemands, mais sa présence montrait que les civils belges n’étaient pas responsables des morts allemands ce qui a évité des représailles sur la population. Un monument, portant le bas-relief d’un soldat tombant lui rend hommage à Houffalize. Le jugement reconnaissant son décès ne sera rendu qu’en 1921. Son frère Auguste, son aîné d’un an, est tué à 28 ans près de Péronne (Somme) le 25 septembre 1916, au cours d’une attaque qui a tué mis hors de combat 25 officiers et plus de 1000 hommes de son régiment. Leurs parents apprennent son décès avant celui d’Henri. Quatre autres de leurs frères ont été mobilisés : l’aîné de la famille, Ludovic, est blessé dès 1914 et est ensuite inapte au combat. Théodore (le jumeau d’Henri) médecin, reste quatre ans dans les hôpitaux près du front. Georges mourra des suites des gaz dans les années 1930. Paul, mobilisé à l’été 1918 n’est pas envoyé au front grâce à l’arrêt des hostilités le 11 novembre 1918.

Les Grethner : de parents nés et mariés à Strasbourg, les 2 frères (seuls enfants du couple qui est à Versailles en 1899, lors du décès du père, capitaine) sont nés à Foix (Ariège) mais ont fait leurs études au lycée Hoche. Ils ont été tués dans les premières semaines de la guerre. Gustave, Saint-Cyrien, tombe le 29 août 1914, à 33 ans. Capitaine, il entraîne sa compagnie, baïonnette haute, aux accents du «Sidi Brahim», hymne des chasseurs, pour reconquérir Nompatelize (Vosges). Le chef tombe glorieusement mais ses chasseurs le vengent et reprennent le village. Paul, 37 ans, aussi Saint-Cyrien, directeur des établissements thermaux de Bagnères-de-Bigorre, capitaine dans un régiment d’infanterie, est tué le 6 septembre 1914 à Bocourt-en-Argonne (Meuse) lors de la guerre de mouvement. Ils laissent deux enfants chacun.

Les Monnier : fils d’André Monnier, vice-président du conseil presbytéral, ils ont aussi fait leurs études au lycée Hoche. Georges reçu à St-Cyr en août 1914, fait d’abord une période de formation accélérée et jeune sous-lieutenant est affecté en janvier 1915 au 147ème RI. Le 28 février il participe à l’attaque meurtrière du bois Trapèze, près de Mesnil-les-Hurlus qui fait 75 tués, et plus de 600 blessés et disparus,et il est mortellement blessé en entraînant sa section à l’assaut des tranchées ennemies. Il n’avait pas 20 ans. Bernard, son aîné d’un an, faisait des études de chimie et est appelé début septembre 1914 ; de deuxième classe il monte rapidement en grade, est nommé sous-lieutenant en mars 1916 et au cours de ses 3 années de guerre, participe à plusieurs actions en première ligne. Après avoir retrouvé en permission en août 1917 son plus jeune frère Christian, sous-lieutenant lui aussi, il prend le commandement d’une compagnie du 47ème RI et le 9 septembre 1917 au matin, sur la côte 344, près de Verdun, organisant une contre-attaque face aux Allemands, il se porte à la tête de ses hommes en s’écriant « En avant, nous les aurons », atteint par une balle en pleine poitrine, il crie encore « En avant quand même » et a la joie de voir l’ennemi reculer. Il expire au poste de secours après avoir reçu le Légion d’Honneur. Il avait 23 ans. Leurs corps seront ramenés au cimetière des Gonards où ils reposent maintenant avec celui de leur cousin germain (fils unique) Pierre Monnier, lieutenant, tué en 1915. Il faut noter que Françoise, la sœur aînée de Bernard et Georges a encore été éprouvée par la Seconde Guerre mondiale lors de laquelle elle a perdu deux de ses fils, Georges et Xavier Schlumberger (cf plaque 1939-1945).

Les Demuster : nous savons seulement que André, 2ème classe dans l’infanterie, est mort à 22 ans en octobre 1914 des suites de blessures de guerre à l’hôpital militaire de Mayenne où il est inhumé et que Georges, du 7ème groupe cycliste est mort aussi à 22 ans, mais en septembre 1917, à l’hôpital Dominique Larrey, d’une tuberculose contractée au front (il repose dans le carré militaire du cimetière des Gonards).

Après avoir présenté les familles qui ont perdu plusieurs de leurs membres, revenons à la lecture chronologique, sorte de litanie, des 39 noms de la plaque du temple.

En 1914, 10 paroissiens donnent leur vie mais c’est dans les 2 premiers mois que les pertes sont les plus lourdes avec 7 décès; 7 officiers âgés de plus de 33 ans sont tués et 3 soldats dont nous avons déjà parlé, nettement plus jeunes sauf Paul Reuss. Par leurs lieux de décès on reconstitue les étapes de la bataille: une phase d’aide à la Belgique où tombent le 7 août à Houffalize le brigadier Henri Sébald, 25 ans, et le 22 août, jour le plus meurtrier de toute la guerre pour l’armée française, à Bertrix le lieutenant de réserve Henri Curie, 33 ans, puis une phase de guerre de mouvement, au cours de laquelle tombent les deux Grethner (voici ce qui aurait dû paraître dans le précédent D8) : «  De parents nés et mariés à Strasbourg, les 2 frères (seuls enfants du couple qui est à Versailles en 1899,lors du décès du père, capitaine) sont nés à Foix (Ariège) mais ont fait leurs études au lycée Hoche. Ils ont été tués dans les premières semaines de la guerre. Gustave, Saint-Cyrien, tombe le 29 août 1914, à 33 ans. Capitaine, il entraîne sa compagnie, baïonnette haute, aux accents du «Sidi Brahim», hymne des chasseurs, pour reconquérir Nompatelize (Vosges). « Le chef tombe glorieusement mais ses chasseurs le vengent et reprennent le village ». Paul, 37 ans, aussi Saint-Cyrien, directeur des établissements thermaux de Bagnères-de-Bigorre, capitaine dans un régiment d’infanterie, est tué le 6 septembre 1914 à Bocourt-en-Argonne (Meuse) lors de la guerre de mouvement. Ils laissent deux enfants chacun. » Après l’arrêt des troupes allemandes 3 Versaillais tombent cependant dans la Marne en septembre: le 15, le sous-lieutenant Henri Maurice, 38 ans, le 25 le lieutenant Emile Wapler, 34 ans tué au fort de la Pompelle près de Reims et le 26 jour de la naissance de son troisième enfant le soldat Paul Reuss, 34 ans. La « course à la mer «  apparaît avec le décès, près d’Arras, du commandant Charles Schnéegans, 40ans. Saint-Cyrien, il avait fait sa carrière dans l’infanterie coloniale, au Tonkin en particulier, puis en 1912 avait été détaché au service de l’aéronautique militaire de Toul dont il avait pris le commandement, cependant c’est auprès des tirailleurs sénégalais qu’il tombe le 24 octobre 1914. Nous ne savons pas où André Demuster, mort le 3 octobre à 22 ans à l’hôpital militaire de Mayenne avait été blessé. Le 28 décembre le capitaine du corps de santé André Ferciot décède à 53 ans et, d’après les registres paroissiaux, il est inhumé au cimetière des Gonards.

En 1915, sur les 12 morts pour la France, dont 5 officiers, 2 seulement ont plus de 30 ans. Les 2 grandes offensives de Champagne et d’Artois laissent leurs traces. C’est dans la Marne que les pertes sont les plus lourdes avec 5 morts. Le 28 février le sous-lieutenant Georges Monnier, 19 ans, est mortellement touché. Le 12 mai le caporal Marcel Bonijol, 20 ans, est enseveli à Jonchery-sur-Suippes par l’effondrement d’une galerie de mine en cours de creusement. Les 25 et 26 septembre, juste un an après Paul les 2 autres frères Reuss, Edouard capitaine et Armand, 2ème classe, sont tués à Souain, dès les premiers jours de l’offensive de Champagne. Le 5 octobre, le sous-lieutenant Maurice Dieterlen, qui, après l’Ecole des Chartes, avait été nommé peu avant la mobilisation archiviste à Grenoble, tombe à 29 ans à Ste Marie-à-Py. Le pasteur Messines cite des extraits de sa lettre-testament dans un de ses sermons : «  Je vis le plus beau moment de ma vie… Je suis heureux de me faire casser la figure pour que mon pays soit délivré. Dîtes aux amis que je m’en vais à la victoire le sourire aux lèvres.. ». Le 23 novembre c’est encore à quelques kilomètres de là que le capitaine Maurice Schlumberger, dont l’avion a été touché lors d’un combat aérien est tué au sol, ainsi que son mécanicien, après avoir été contraint de se poser à Auré, en arrière des lignes allemandes. Il laisse 2 enfants dont Etienne, alors âgé de 6 mois, qui sera Compagnon de la Libération et est encore en vie. Le 25 avril, à la fin de la bataille des Eparges ( Meuse) le sous-lieutenant Georges Michel, 24 ans est tué, là et le jour où Maurice Genevoix a été blessé. Les combats d’Artois ont aussi été très meurtriers : Neuville St Vaast (Pas-de-Calais) a vu mourir 2 soldats du 129ème régiment d’infanterie les 1er et 2 juin: Marcel Klein, 22 ans et le sergent Achille Grossklauss, 23 ans et le 28 septembre le soldat Edouard Adrion, 28 ans. Deux décès ont lieu à l’hôpital sans que nous ayons plus de précisions : le 4 mars le soldat René Dubreuil, 22 ans, meurt de blessures de guerre à Pont-à-Mousson et le 6 avril le matelot Maurice Rousset ,19 ans, à l’hôpital maritime de Rochefort .

En 1916, il y a 6 décès. Le 12 mars le lieutenant André Stromeyer, sorti de Polytechnique en 1914 dans l’artillerie meurt, à 25 ans, dans un accident d’avion sur l’aérodrome d’Avord. Après avoir été blessé en octobre 1915 lors d’un combat aérien, il avait été affecté comme instructeur à cet aérodrome du Cher où les accidents étaient fréquents (5 morts en 2 semaines en mars 1916). Trois paroissiens succombent au cours de la longue bataille de Verdun. Deux, âgés de 23 ans devant Douaumont: le 8 mars le sous-lieutenant d’artillerie Ferdinand Delaballe, né en Argentine, est tué près de ses pièces à Fleury et le 21 mai Louis Ménétrier, né lui en Suisse, tombe. Le 2 octobre le capitaine à l’Etat-major Alfred Paviot du Sourbier ,37 ans, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts meurt de ses blessures à Landrecourt (Meuse).

Deux meurent dans la Somme : le 25 septembre le soldat Auguste Sebald , 28 ans, lors de la grande attaque sur Rancourt et le 3 octobre le maréchal de logis (artilleur) André Magnen ,25 ans,  à l’hôpital d’Amiens. 
L’année 1917 ne recense que 3 décès. Seul le sous-lieutenant Bernard Monnier, 23 ans, est tué au combat le 9 septembre près de Verdun. Le 30 mai, l’enseigne de vaisseau Charles Chevalon ,31 ans, est noyé quand son bâtiment de transport l’Italia est coulé par un sous-marin allemand. Le 19 septembre Georges Demuster, du 7ème groupe cycliste, meurt comme son frère André à 22 ans, mais d’une tuberculose pulmonaire contractée au front.

En 1918 la paroisse pleure 8 morts pour la France parmi lesquels 3 ont plus de 40 ans, les 5 autres ayant entre 20 et 30 ans La reprise de la guerre de mouvement apparaît, d’abord avec la résistance face aux offensives allemandes : le 9 mars le soldat Georges Jamet, 30 ans, meurt de ses blessures dans une ambulance près de Reims, son régiment d’infanterie coloniale ayant été engagé dans de durs combats au fort de la Pompelle. Le 26 avril, l’aspirant Jean Minssen, 20 ans, entré de quelques kilomètres en Belgique avec son régiment d’artillerie lourde en soutien aux Anglais, trouve la mort près d’Ypres. Le même jour le capitaine adjudant major Georges Bouffé, 43 ans, de la compagnie des mitrailleuses du 1er régiment de marche de la légion étrangère, est tué dans la Somme, lors d’une attaque au cours de laquelle plus de 820 hommes de son régiment sont mis hors de combat ; engagé volontaire à 20 ans il avait gagné ses galons en combattant en Algérie et au Tonkin. Puis l’offensive française se généralise à partir de juillet. Le 21 août l’adjudant Henri Pantin, 45 ans, d’un régiment d’artillerie lourde, meurt la jambe broyée (nous ne connaissons que le secteur postal de l’ambulance). Le 8 septembre Paul Freyss, 48 ans, appartenant à un régiment de territoriaux, succombe à la grippe espagnole à l’hôpital d’Etampes. Le 28 septembre le sergent Désiré Eisenmann, 30 ans, est tué à Séchault (Ardennes) au 3ème jour de l’offensive finale de Champagne au cours de laquelle son régiment perd 1000 hommes. Le 6 octobre le sergent pilote Albert Munerot, 24 ans, trouve la mort dans la chute de son avion; employé de banque il avait été mobilisé en septembre 1914 dans l’infanterie puis était passé dans l’aviation en juillet 1917. Les renseignements sur le soldat Paul Dauly, du 409ème régiment d’infanterie, tué en octobre 1918 sont imprécis mais son corps sera le premier à être rapatrié à Versailles, au cimetière de Montreuil.

« Toi, conduis-moi », telle était la prière quotidienne du pasteur Léon Marchand sur le champ de bataille et celle de beaucoup de ces soldats.