Différences entre versions de « THIERRY, Albert »

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Né en 1882, cet ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud a été successivement professeur à l’École primaire supérieure de Melun (1905-1911) puis à l’École normale de Versailles (1911-1914) où il enseigna les Lettres et l’Allemand. Très tôt, Albert Thierry se signale par son engagement dreyfusard puis il fréquente le milieu des étudiants anarchistes. Lors de son service militaire (1902-1903), il ne suit pas le peloton d’officiers, appliquant déjà ce qu’il appellera plus tard « le refus de parvenir ». Esprit exigeant et constamment en alerte, Albert Thierry est en relation avec différents milieux engagés, pas toujours compatibles entre eux, L''a Vie Ouvrière'' (fondée en 1909 par Pierre Monatte), ''Les Cahiers de la Quinzaine'' (Charles Péguy), L'''Union pour la Vérité'' (Paul Desjardins). Il commence lui-même une œuvre littéraire : ''L'Homme en proie aux enfants'' et ''Nouvelles de Vosves'' (1909), ''Réflexions sur l'éducation'' (1912-1913). <br/>
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Né en 1882, cet ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud a été successivement professeur à l’École primaire supérieure de Melun (1905-1911) puis à l’École normale de Versailles (1911-1914) où il enseigna les Lettres et l’Allemand. Très tôt, Albert Thierry se signale par son engagement dreyfusard puis il fréquente le milieu des étudiants anarchistes. <br/>
Pour l’intellectuel engagé qu’est Albert Thierry, « la guerre est l’écroulement brutal de tous les grands espoirs pacifiques » mais la justesse de la cause ne fait pas de doute pour celui qui écrit : «  Cette guerre est une guerre juste. » Mobilisé le 2 août 1914 au 28e régiment d'infanterie d’Évreux, il est blessé le 4 septembre, lors de la retraite. Les Allemands occupèrent la ferme où il était soigné, mais le 12, la victoire de la Marne le libère. Rétabli, il est renvoyé au dépôt d’Évreux. C'est là qu'il commença à écrire ses ''Conditions de la Paix'', ouvrage dans lequel il se prononçait notamment pour la création d’un « Comité européen de Nationalisation », sous l’égide de la France, de la Russie et de l’Angleterre, pour faire respecter les droits des États nationaux qui seront formés après la guerre.
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Ayant demandé à repartir au front, Albert Thierry passe l’hiver 1915 dans les tranchées de Berry-au-Bac (Aisne). Il écrit le 1er février 1915 : «  Je suis satisfait de tenir ici la place de mon pauvre Paul (Il s’agit de son ami Soulas tué le 21 janvier), et de défendre à même le sol, notre sol contre ces barbares. ». Le 10 mai, son régiment est envoyé dans le Pas-de-Calais pour participer à la bataille d’Artois. Le 26 mai, ayant reçu l’ordre de s’emparer du Bois Carré, à Aix-Noulette, le 28e RI « sortait de la tranchée des Saules et perdait beaucoup de monde du fait des mitrailleuses allemandes qui n’avaient pas été atteintes pendant la préparation de l’attaque par notre artillerie. Personne ne put dépasser de plus de dix pas la tranchée de départ » (Journal de marche du 28e RI). Albert Thierry figure au nombre des 252 tués. Son corps n’a jamais été retrouvé. La médaille militaire lui a été attribuée, avec la citation suivante:  
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Lors de son service militaire (1902-1903), il ne suit pas le peloton d’officiers, appliquant déjà ce qu’il appellera plus tard « le refus de parvenir ». Esprit exigeant et constamment en alerte, Albert Thierry est en relation avec différents milieux engagés, pas toujours compatibles entre eux, L''a Vie Ouvrière'' (fondée en 1909 par Pierre Monatte), ''Les Cahiers de la Quinzaine'' (Charles Péguy), L'''Union pour la Vérité'' (Paul Desjardins). Il commence lui-même une œuvre littéraire : ''L'Homme en proie aux enfants'' et ''Nouvelles de Vosves'' (1909), ''Réflexions sur l'éducation'' (1912-1913). <br/>
« Excellent soldat. Animé du meilleur esprit et pénétré de son devoir. Tué glorieusement à son poste de combat en première ligne, le 26 mai 1915, dans le secteur de Noulette. » (Croix de Guerre avec étoile de bronze.)  
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Pour l’intellectuel engagé qu’est Albert Thierry, « la guerre est l’écroulement brutal de tous les grands espoirs pacifiques » mais la justesse de la cause ne fait pas de doute pour celui qui écrit : «  Cette guerre est une guerre juste. » Mobilisé le 2 août 1914 au 28e régiment d'infanterie d’Évreux, il est blessé le 4 septembre, lors de la retraite. Les Allemands occupèrent la ferme où il était soigné, mais le 12, la victoire de la Marne le libère. Rétabli, il est renvoyé au dépôt d’Évreux. C'est là qu'il commença à écrire ses ''Conditions de la Paix'', ouvrage dans lequel il se prononçait notamment pour la création d’un « Comité européen de Nationalisation », sous l’égide de la France, de la Russie et de l’Angleterre, pour faire respecter les droits des États nationaux qui seront formés après la guerre.<br/>
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Ayant demandé à repartir au front, Albert Thierry passe l’hiver 1915 dans les tranchées de Berry-au-Bac (Aisne). Il écrit le 1er février 1915 : «  Je suis satisfait de tenir ici la place de mon pauvre Paul (Il s’agit de son ami Soulas tué le 21 janvier), et de défendre à même le sol, notre sol contre ces barbares. ». Le 10 mai, son régiment est envoyé dans le Pas-de-Calais pour participer à la bataille d’Artois. Le 26 mai, ayant reçu l’ordre de s’emparer du Bois Carré, à Aix-Noulette, le 28e RI « sortait de la tranchée des Saules et perdait beaucoup de monde du fait des mitrailleuses allemandes qui n’avaient pas été atteintes pendant la préparation de l’attaque par notre artillerie. Personne ne put dépasser de plus de dix pas la tranchée de départ » (Journal de marche du 28e RI). Albert Thierry figure au nombre des 252 tués. Son corps n’a jamais été retrouvé. La médaille militaire lui a été attribuée, avec la citation suivante: « Excellent soldat. Animé du meilleur esprit et pénétré de son devoir. Tué glorieusement à son poste de combat en première ligne, le 26 mai 1915, dans le secteur de Noulette. » (Croix de Guerre avec étoile de bronze.)  
  
 
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Version du 15 juin 2015 à 10:03

Né en 1882, cet ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud a été successivement professeur à l’École primaire supérieure de Melun (1905-1911) puis à l’École normale de Versailles (1911-1914) où il enseigna les Lettres et l’Allemand. Très tôt, Albert Thierry se signale par son engagement dreyfusard puis il fréquente le milieu des étudiants anarchistes.

Lors de son service militaire (1902-1903), il ne suit pas le peloton d’officiers, appliquant déjà ce qu’il appellera plus tard « le refus de parvenir ». Esprit exigeant et constamment en alerte, Albert Thierry est en relation avec différents milieux engagés, pas toujours compatibles entre eux, La Vie Ouvrière (fondée en 1909 par Pierre Monatte), Les Cahiers de la Quinzaine (Charles Péguy), L'Union pour la Vérité (Paul Desjardins). Il commence lui-même une œuvre littéraire : L'Homme en proie aux enfants et Nouvelles de Vosves (1909), Réflexions sur l'éducation (1912-1913).

Pour l’intellectuel engagé qu’est Albert Thierry, « la guerre est l’écroulement brutal de tous les grands espoirs pacifiques » mais la justesse de la cause ne fait pas de doute pour celui qui écrit : «  Cette guerre est une guerre juste. » Mobilisé le 2 août 1914 au 28e régiment d'infanterie d’Évreux, il est blessé le 4 septembre, lors de la retraite. Les Allemands occupèrent la ferme où il était soigné, mais le 12, la victoire de la Marne le libère. Rétabli, il est renvoyé au dépôt d’Évreux. C'est là qu'il commença à écrire ses Conditions de la Paix, ouvrage dans lequel il se prononçait notamment pour la création d’un « Comité européen de Nationalisation », sous l’égide de la France, de la Russie et de l’Angleterre, pour faire respecter les droits des États nationaux qui seront formés après la guerre.
Ayant demandé à repartir au front, Albert Thierry passe l’hiver 1915 dans les tranchées de Berry-au-Bac (Aisne). Il écrit le 1er février 1915 : «  Je suis satisfait de tenir ici la place de mon pauvre Paul (Il s’agit de son ami Soulas tué le 21 janvier), et de défendre à même le sol, notre sol contre ces barbares. ». Le 10 mai, son régiment est envoyé dans le Pas-de-Calais pour participer à la bataille d’Artois. Le 26 mai, ayant reçu l’ordre de s’emparer du Bois Carré, à Aix-Noulette, le 28e RI « sortait de la tranchée des Saules et perdait beaucoup de monde du fait des mitrailleuses allemandes qui n’avaient pas été atteintes pendant la préparation de l’attaque par notre artillerie. Personne ne put dépasser de plus de dix pas la tranchée de départ » (Journal de marche du 28e RI). Albert Thierry figure au nombre des 252 tués. Son corps n’a jamais été retrouvé. La médaille militaire lui a été attribuée, avec la citation suivante: « Excellent soldat. Animé du meilleur esprit et pénétré de son devoir. Tué glorieusement à son poste de combat en première ligne, le 26 mai 1915, dans le secteur de Noulette. » (Croix de Guerre avec étoile de bronze.)

Sources :

- Aux morts de la 112-115, Les membres de la promotion 1912-1915 ont fait éditer cette brochure en souvenir de leurs maîtres et de leurs camarades tués pendant la guerre, contient leurs photos. Archives départementales des Yvelines, 37T 416-417.
- Francisque Vial, Hommage à Albert Thierry, in Livre d’or de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, (cité par : Vincent Le Calvez, "Sur les pas d'Adolphe Orange, 28eme RI")
- Journal de marche du 28e RI

STOUDER (discussion) 15 juin 2015 à 09:43 (CEST)Paul STOUDER, 15 juin 2015