Différences entre versions de « EUDES, Eugène Alphonse »
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| − | Eugène Alphonse Eudes, fils d'Alexandre Eudes et Aimée Levesque, est né le 22 mars 1874 à Montfort l'Amaury | + | Eugène Alphonse Eudes, fils unique d'Alexandre Eudes et Aimée Levesque qui divorcèrent, est né le 22 mars 1874 à Montfort-l'Amaury, grosse bourgade alors de Seine-et-Oise, qui comptera 1652 habitants au recensement de 1911. Il semble que sa famille y soit installée depuis au moins deux générations. C'est en ces lieux qu'il grandit. |
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| + | Il se marie le 12 octobre 1901, à 27 ans, tardivement mais hâtivement avec Marie Augustine Hoffmann, enceinte, de qui il eut trois enfants : Lucie, née le 31 mars 1902, Germaine née le 20 juillet 1903 et enfin Roger, né le 4 septembre 1907. | ||
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| + | Grâce à la rubrique "Signalement" de sa fiche de matricule, nous savons qu'Eugène était un homme aux "cheveux et sourcils châtains", "au nez et à la bouche moyens", au front "ordinaire", au menton "rond", au visage "ovale", aux yeux "bleus" et qu'il mesure un mètre soixante-et-onze. | ||
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| + | Il appartient au milieu ouvrier car il y est dit "ouvrier maçon". Il fait preuve d'un niveau d'instruction 3 : comme beaucoup, il sait donc lire, écrire et compter<ref>Cf. ''Recrutement de l'armée, dispositions générales''. Volume mis à jour à la date du 20 septembre 1918. Editions H. Charles-Lavauzelle, Paris, 1918. Avec un niveau 4, le mobilisé a obtenu son brevet de l'enseignement primaire. Un bachelier est de niveau 5, niveau maximal et exceptionnel sauf chez les officiers.</ref>. | ||
==Actions Militaires== | ==Actions Militaires== | ||
===Service Militaire=== | ===Service Militaire=== | ||
| − | Durant le XIXe siècle, le service militaire s’effectuait | + | Durant le XIXe siècle, le service militaire s’effectuait à partir d'un tirage au sort. Chaque canton devait fournir un quota d’hommes précis. Eugène était le numéro 85 et fut tiré au sort en 1895. |
[[Fichier:Matricule Eudes.jpg|135px|thumb|left|Fiche matricule d'Eudes Eugène Alphonse]] | [[Fichier:Matricule Eudes.jpg|135px|thumb|left|Fiche matricule d'Eudes Eugène Alphonse]] | ||
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* Son ''Etat Civil'' comprenant son lieu et jour de naissance, son métier, les modalités de son recrutement ainsi que le nom de ses parents. | * Son ''Etat Civil'' comprenant son lieu et jour de naissance, son métier, les modalités de son recrutement ainsi que le nom de ses parents. | ||
* La ''Décision du Conseil de Révision'' | * La ''Décision du Conseil de Révision'' | ||
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* Sa ''Classe de mobilisation'' | * Sa ''Classe de mobilisation'' | ||
* Son ''Signalement'' comprenant une description physique et le niveau d'instruction. | * Son ''Signalement'' comprenant une description physique et le niveau d'instruction. | ||
| − | Grâce à cette fiche nous apprenons | + | Grâce à cette fiche nous apprenons le numéro matricule d'Eugène, le '''3135'''. Il débute son service militaire à 21 ans, le '''16 novembre 1895''': il est alors incorporé au 30ème régiment d'Infanterie à Chartres, en tant que soldat de seconde classe. Grâce à ses compétences, il devient soldat de première classe le 21 octobre 1896. Il y continue son service militaire de trois ans réglementaires jusqu'au '''17 Septembre 1898''', date à laquelle il est « envoyé en disponibilité » (c’est-à-dire en [[Réserve Militaire|réserve]]). |
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| + | La mention "exercé" dans la catégorie militaire nous indique qu'il a reçu un enseignement militaire dans le cadre d'un [[Service Militaire|passage sous les drapeaux]]. | ||
===La Grande Guerre à travers son carnet=== | ===La Grande Guerre à travers son carnet=== | ||
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| − | Le 9 juin 1915, Eugène fut affecté au 73e Régiment d'[[Infanterie Territoriale]] (RIT) dans lequel il resta tout au long de la guerre. De cette période, il ne reste que peu traces. Cependant, | + | Le 9 juin 1915, Eugène fut affecté au 73e Régiment d'[[Infanterie Territoriale]] (RIT) dans lequel il resta tout au long de la guerre. De cette période, il ne reste que peu traces. Cependant, Eugène laissa derrière lui un petit [[Le Carnet d'Eudes Eugène|carnet]] de route dans lequel il écrivait le quotidien de son groupe de manière pragmatique. Ce carnet commence en juin 1915 et se termine en août 1918. |
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| − | Dans ce petit carnet qu'il m'a été donné de transcrire, | + | Dans ce petit carnet qu'il m'a été donné de transcrire, Eugène effectuait de nombreuses listes: |
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* d'outils divers (allant de la bêche au moulin à café) | * d'outils divers (allant de la bêche au moulin à café) | ||
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| − | + | Eugène évoque à de nombreuses reprises les tranchées sans pour autant les décrire. Il signale simplement son passage en première ou deuxième ligne dans lesquelles il reste entre 2 et 7 jours. | |
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| − | Lors des période de repos, qui pouvait n'être qu'une nuit ou quelque jours, | + | Lors des période de repos, qui pouvait n'être qu'une nuit ou quelque jours, Eugène et ses compagnons trouvaient abri dans des fermes qui étaient probablement réquisitionnées. Pour des périodes plus longues, les hommes partaient en permission afin de retrouver leur foyer. Les périodes de [[permission]] allaient de 2 à 22 jours en ce qui concerne Eugène. |
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| − | Grâce | + | Grâce aux descriptions très précises qu'Eugène laisse dans son carnet, nous avons pu cartographier son parcours de juin 1915 à mai 1916 à la frontière franco-belge<ref name="test">,Cartes extraites de Charleyne Marsocci, ''De Montfort-l'Amaury au front : le parcours de deux poilus et leur retour'', mémoire lauréat du 9ème Concours du Jeune Historien des Yvelines 2015, sous la direction de Christine Barnel et consultable aux Archives Départementales des Yvelines..</ref>. |
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De même nous avons cartographié son parcours en Oise de juin 1916 à août 1918<ref name="test" />. | De même nous avons cartographié son parcours en Oise de juin 1916 à août 1918<ref name="test" />. | ||
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==Le Retour== | ==Le Retour== | ||
| − | Lorsque l'Armistice sonna, les soldats ne furent pas libérés mais placés en réserve. La France sécurisait ses arrières en | + | Lorsque l'Armistice sonna, les soldats ne furent pas libérés mais placés en réserve. La France sécurisait ses arrières en ayant une armée prête à retourner au front si la trêve s'avérait échouer. C'est pour cela qu'Eugène ne fut pas libéré de son service militaire avant le 22 octobre 1922. |
===Décorations=== | ===Décorations=== | ||
Eudes reçu la [[Croix de Guerre|croix de guerre]] pour récompenser son "sang froid" et ses "initiatives en Belgique". | Eudes reçu la [[Croix de Guerre|croix de guerre]] pour récompenser son "sang froid" et ses "initiatives en Belgique". | ||
===Retour à la vie civique=== | ===Retour à la vie civique=== | ||
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==Sources== | ==Sources== | ||
Version du 10 novembre 2015 à 16:19
Qui est Eugène Eudes ?
Eugène Alphonse Eudes, fils unique d'Alexandre Eudes et Aimée Levesque qui divorcèrent, est né le 22 mars 1874 à Montfort-l'Amaury, grosse bourgade alors de Seine-et-Oise, qui comptera 1652 habitants au recensement de 1911. Il semble que sa famille y soit installée depuis au moins deux générations. C'est en ces lieux qu'il grandit.
Il se marie le 12 octobre 1901, à 27 ans, tardivement mais hâtivement avec Marie Augustine Hoffmann, enceinte, de qui il eut trois enfants : Lucie, née le 31 mars 1902, Germaine née le 20 juillet 1903 et enfin Roger, né le 4 septembre 1907.
Grâce à la rubrique "Signalement" de sa fiche de matricule, nous savons qu'Eugène était un homme aux "cheveux et sourcils châtains", "au nez et à la bouche moyens", au front "ordinaire", au menton "rond", au visage "ovale", aux yeux "bleus" et qu'il mesure un mètre soixante-et-onze.
Il appartient au milieu ouvrier car il y est dit "ouvrier maçon". Il fait preuve d'un niveau d'instruction 3 : comme beaucoup, il sait donc lire, écrire et compter[1].
Actions Militaires
Service Militaire
Durant le XIXe siècle, le service militaire s’effectuait à partir d'un tirage au sort. Chaque canton devait fournir un quota d’hommes précis. Eugène était le numéro 85 et fut tiré au sort en 1895.
A cette occasion fut crée sa fiche matricule dans laquelle figure de nombreux renseignements sur Eugène:
- Son Etat Civil comprenant son lieu et jour de naissance, son métier, les modalités de son recrutement ainsi que le nom de ses parents.
- La Décision du Conseil de Révision
- Le Détail des Services et Mutations diverses
- Son Numéro Matricule de recrutement
- Sa Classe de mobilisation
- Son Signalement comprenant une description physique et le niveau d'instruction.
Grâce à cette fiche nous apprenons le numéro matricule d'Eugène, le 3135. Il débute son service militaire à 21 ans, le 16 novembre 1895: il est alors incorporé au 30ème régiment d'Infanterie à Chartres, en tant que soldat de seconde classe. Grâce à ses compétences, il devient soldat de première classe le 21 octobre 1896. Il y continue son service militaire de trois ans réglementaires jusqu'au 17 Septembre 1898, date à laquelle il est « envoyé en disponibilité » (c’est-à-dire en réserve).
La mention "exercé" dans la catégorie militaire nous indique qu'il a reçu un enseignement militaire dans le cadre d'un passage sous les drapeaux.
La Grande Guerre à travers son carnet
Le 9 juin 1915, Eugène fut affecté au 73e Régiment d'Infanterie Territoriale (RIT) dans lequel il resta tout au long de la guerre. De cette période, il ne reste que peu traces. Cependant, Eugène laissa derrière lui un petit carnet de route dans lequel il écrivait le quotidien de son groupe de manière pragmatique. Ce carnet commence en juin 1915 et se termine en août 1918.
Les listes
Dans ce petit carnet qu'il m'a été donné de transcrire, Eugène effectuait de nombreuses listes:
- de vêtements (cagoule, chemise...)
- d'armes (baïonnette, fusil...)
- de protection (masque à gaz)
- d'outils divers (allant de la bêche au moulin à café)
- de noms
- de postes
Ces listes étaient dressées par Eugène du fait de ses responsabilités en tant que Caporal (14 juillet 1915 au 16 avril 1916) puis Sergent (à partir d'avril 1916).
Au Front
Eugène évoque à de nombreuses reprises les tranchées sans pour autant les décrire. Il signale simplement son passage en première ou deuxième ligne dans lesquelles il reste entre 2 et 7 jours.
Repos et permissions
Lors des période de repos, qui pouvait n'être qu'une nuit ou quelque jours, Eugène et ses compagnons trouvaient abri dans des fermes qui étaient probablement réquisitionnées. Pour des périodes plus longues, les hommes partaient en permission afin de retrouver leur foyer. Les périodes de permission allaient de 2 à 22 jours en ce qui concerne Eugène.
Le Parcours
Grâce aux descriptions très précises qu'Eugène laisse dans son carnet, nous avons pu cartographier son parcours de juin 1915 à mai 1916 à la frontière franco-belge[2].
De même nous avons cartographié son parcours en Oise de juin 1916 à août 1918[2].
Le Retour
Lorsque l'Armistice sonna, les soldats ne furent pas libérés mais placés en réserve. La France sécurisait ses arrières en ayant une armée prête à retourner au front si la trêve s'avérait échouer. C'est pour cela qu'Eugène ne fut pas libéré de son service militaire avant le 22 octobre 1922.
Décorations
Eudes reçu la croix de guerre pour récompenser son "sang froid" et ses "initiatives en Belgique".
Retour à la vie civique
Notes et références
- ↑ Cf. Recrutement de l'armée, dispositions générales. Volume mis à jour à la date du 20 septembre 1918. Editions H. Charles-Lavauzelle, Paris, 1918. Avec un niveau 4, le mobilisé a obtenu son brevet de l'enseignement primaire. Un bachelier est de niveau 5, niveau maximal et exceptionnel sauf chez les officiers.
- ↑ 2,0 et 2,1 ,Cartes extraites de Charleyne Marsocci, De Montfort-l'Amaury au front : le parcours de deux poilus et leur retour, mémoire lauréat du 9ème Concours du Jeune Historien des Yvelines 2015, sous la direction de Christine Barnel et consultable aux Archives Départementales des Yvelines..
