Chronique de septembre 1914: La guerre dans l'état-civil
La maquette des journaux se modifie. En septembre on constate les changements en cours, les tâtonnements. A côté de la rubrique de l’état civil, apparaît un entrefilet intitulé « Nos morts ». Sont mêlés « Nos blessés » c’est à dire ceux de la commune avec des initiatives en faveur des blessés en général et enfin un récit concernant un blessé en particulier intitulé « Un brave » placé après une annonce concernant les indigents. A travers ce flou, on comprend que les journaux n’ont pas encore pris toute la mesure des évènements.
Les rubriques d’état civil se transforment peu à peu. Ici, en septembre les soldats morts sont cités dans la rubrique habituelle mais l’on voit déjà apparaître une rubrique particulière. Très vite les morts civils seront distincts des morts au champ d’honneur.
Ces soldats étaient principalement des fantassins. On note parmi les morts aussi bien des soldats du rang que des sous officiers.
Enfin on note la référence à une armée moderne avec la citation de la section de mitrailleuses.
Ces soldats sont jeunes. En effet outre la mention directe de leur âge on précise parfois leur classe c’est à dire l’année de leurs vingt ans. Même si l’échantillon est très limité on remarque que sur quatre blessés deux sont des instituteurs. Cela annonce déjà le grand nombre d’enseignants du département morts au combat.
La mention des lieux où les soldats ont été blessés permet de suivre l’évolution des opérations militaires et le déplacement du front, Marne, Argonne, Meuse. On peut aussi noter que les blessés sont évacués très loin du front, ici vers le sud-ouest et les Pyrénées, mais aussi vers la Normandie et la Bretagne.
Les blessures sont déjà emblématiques de cette guerre : blessures par éclat d’obus et blessures au visage qui évoquent les « gueules cassées ». Enfin le récit de l’action du « brave » illustre les pertes très importantes subies dès le début de la guerre.
Isabelle ATTARD-AMAN