Les prisonniers de Croissy-sur-Seine en Allemagne

De Le Wiki de la Grande Guerre
Le camp de prisonniers de Soltau en Basse-Saxe.

A Croissy, une trentaine d’hommes mobilisés sont tombés entre les mains de l’armée allemande et ont passé la guerre dans des camps de travail. Entre héros et victimes, les 600 000 prisonniers de guerre français ont été longtemps les oubliés de l’Histoire. Dès le mois de septembre 1914, ils étaient déjà plus de 125 000. Internés en zone occupée ou en Allemagne, ils furent astreints à de lourds travaux et connurent des conditions difficiles : brutalités, absence de chauffage et de soins sanitaires, nourriture insuffisante.

Malgré la Convention de La Haye de 1907, aucun règlement militaire allemand ne fixait vraiment le sort des prisonniers : autant de camps, autant de régimes particuliers. Heureusement, les familles et les pouvoirs publics pouvaient leur envoyer des colis. Au printemps 1918, les accords de Berne améliorèrent leur quotidien. Après l’armistice du 11 novembre 1918, 477 800 prisonniers français purent enfin regagner leur foyer.

Les archives municipales conservent plusieurs lettres adressées par les prisonniers au maire. Ce sont souvent des remerciements pour les colis reçus ou des demandes de nouvelles de leur famille.

Correspondance du soldat Joseph Fromanger, 1918.

Parmi eux, Joseph Fromanger (1887-1930), ouvrier maraîcher âgé de 27 ans en 1914. Cet homme marié et père de famille avait été fait prisonnier dès les premiers jours de la guerre. Il n’a été libéré que 4 ans plus tard, en décembre 1918. Interné au camp de Münster, le prisonnier se plaint de ne pas avoir de nouvelles de sa femme depuis plusieurs mois et de ne recevoir d’elle aucun colis ; il s’adresse directement au maire pour recevoir un ou deux colis chaque mois : « Mon brave monsieur, je compte sur vous. Le nécessaire que j’ai besoin c’est du chocolat, savon, pâtes, nouilles, riz, car depuis le 7 septembre 1914 que je suis prisonnier c’est long… »

Avis de captivité du caporal Gabillon, 1916.

Le maire était aussi chargé par les autorités militaires de prévenir les familles quand un soldat était fait prisonnier. Le caporal Émilien Gabillon (1893-1970), maraîcher âgé de 21 ans en 1914, avait disparu en avril 1916. Sa famille en avait été informée, imaginant le pire. Finalement, trois mois plus tard, ses parents apprirent que leur fils était captif au camp de Strasbourg. Il ne sera libéré qu’en décembre 1918.


Sources :

Archives municipales, dossiers individuels des prisonniers 1914-1918, 4 H 20.