Chronique de juin 1917 : Les colonies dans la guerre
Cette affiche, assez sobre puisqu’elle n’est constituée que de texte, est en fait un grand morceau de propagande à la gloire de « la plus grande personne morale qui soit au monde » c’est à dire à « la France immortelle ».
Quels éléments sont utilisés pour atteindre ce but ?
A travers un discours emphatique, c’est d’abord la réaffirmation de la grandeur de la France (c’est l’époque de « La plus grande France ») et sa mission civilisatrice. En même temps qu’on loue les troupes coloniales on exprime que ce n’est que justice qu’elle combattent car les indigènes des colonies ont « reçu de la France les bienfaits de la liberté et de la civilisation ». Il s’agit aussi de dénigrer les Allemands puisque même les peuples colonisés, une fois instruits par la France, combattent pour la civilisation contre la barbarie germanique, à l’échelle de « l’Univers ».
Le texte, en énumérant toutes les troupes coloniales souligne à la fois l’importance numérique de celles-ci et l’étendue de l’empire en précisant leur origine géographique.
Le vocabulaire révèle une certaine exaltation : « plus pur et plus ardent patriotisme », « la plus sainte des causes », « incomparable bravoure devenue légendaire », « vaincre ou mourir ».
Enfin le texte énumère les grandes batailles du conflit auxquelles les troupes coloniales ont participé « en avant » sur tous les fronts. Il rappelle aussi les moments de bravoure des armées françaises depuis la bataille de l’Alma et inscrit donc ces troupes dans la continuité de l’épopée de la Grande Armée et de celle de la République.
Quant aux membres du Comité, outre d’anciens membres du gouvernement on recense des notables, hommes politiques, des élus (députés et sénateurs), des acteurs économiques ayant des intérêts dans les colonies et en particulier au Maghreb mais aussi au Sénégal et en Indochine (par exemple banques de l’Indochine, du Crédit foncier et agricole d’Algérie et de Tunisie ou encore compagnies de transports maritimes ou chemins de fer comme le chemin de fer Dakar-Saint Louis).
Isabelle Attard-Aman
Pour aller plus loin :
Sur les troupes coloniales voir Chronique d’août 1916 : Les soldats des troupes coloniales