Édouard Boby de la Chapelle, né à Limay
Voici en quelques mots l’histoire du Lieutenant Édouard Boby de la Chapelle, né à Limay et mort pour la France à 24 ans lors de la Grande Guerre sur le front de Champagne. Il a fait partie des « As » de la guerre, ces fameux pilotes d’avion ayant pris des risques inconsidérés aux manettes de leurs avions. Édouard a aussi la particularité d’avoir son nom inscrit sur 3 monuments aux Morts : celui de Limay, celui du Lycée Faidherbe de Lille et sur celui de la ville de Buenos Aeres (Argentine). Édouard pendant la Grande Guerre fut successivement affecté à la Cavalerie puis à l’Infanterie pour finalement rejoindre l’aviation. Voici son histoire.
Édouard est né le 5 avril 1894, rue de la Truanderie à Limay. Son père y est alors percepteur. Il ne passa que ses deux premières années à Limay, puis déménagea plusieurs fois au gré des mutations professionnelles de son père. Quand il eut 17 ans, Édouard qui habitait alors à Lille, fut victime d’une grave fièvre typhoïde, ce qui l’empêcha de réussir son baccalauréat au Lycée Faidherbe. Sa famille, prit alors la décision de l’envoyer en 1911 à Buenos Aires (Argentine) rejoindre son oncle qui venait de créer un grand magasin du type « Le Printemps ». Lorsqu’il fêta ses 20 ans en 1914, il reprit le bateau pour la France afin d’aller faire son service militaire. Il fut alors affecté au 5e Régiment des Chasseurs à Cheval (Cavalerie) où il était déjà engagé lors de la mobilisation générale. Édouard va rester dans la Cavalerie pendant près de 18 mois. Il écrit à sa mère fin 1914 « Je suis très content de la vie que je mène et me sens tout à fait à mon aise dans la vie errante que nous menons ». Il participe aux offensives d’Artois et de Champagne où il y gagne son galon blanc de Maréchal des Logis. A l’hiver 1915, la cavalerie est mise au repos et Édouard est affecté au 231e Régiment d’Infanterie. On voit son nom apparaitre dans le JMO de son régiment le 31 décembre 1915, à la 23e compagnie. Il participe ensuite à la Bataille de Champagne où il est cité à l’ordre du régiment. En mai 1916 son régiment est dissout et il est affecté au 246e RI où il gagne le grade de sous-lieutenant. Il passe ensuite l’hiver 1916/1917 dans les tranchées. Cet hiver est des plus rude et il écrit « J’ai les doigts gelés … Les moustaches de mes vieux poilus étaient toutes blanches de givre, moi qui ai peu de poils je ressemblais à un vieux tout blanc… A part çà, tout marche, nous attendons le moment favorable pour bondir sur le Boche ». Le 14 juin 1917 il est grièvement blessé au Mont-Haut par une grenade allemande. Il est évacué avec 11 blessures.
Après sa convalescence à l’hôpital de Saint-Étienne il est déclaré inapte au service armé. En août 1917, furieux de cette décision, il intrigue pour passer à l’aviation en argumentant que si ces jambes ne le portent plus suffisamment le reste de sa personne était encore en parfait état. Il y est alors accepté et envoyé le 1 novembre à l’école d’aviation de Chartres. En décembre 1917, il obtient son brevet militaire avec 30h18 de vol et 173 et le grade de Lieutenant.
Il continue ensuite sa formation pendant l’hiver 1918 de pilote en passant parmi les différentes écoles d’avion militaire : Avord, Pau et Cazaux où il se trouve le 6 avril 1918 quand son avion eut une panne de moteur à 2000 m d’altitude. Il s’en tire par miracle avec 2 plaies à la jambe droite et de multiples contusions qui l’emmènent à l’hôpital mais vivant.
De mai à juillet 1918, il reprend l’entrainement et enrage de ne pas pouvoir monter au front combattre avec l’aviation. Le 2 juillet, il rencontre à Biscarosse l’officier Roland Garros « qui est un charmant camarade »
Le 13 juillet, il est de nouveau victime d’un accident d’avion et dit «ça va très bien, sauf mes genoux, qui, je crois, sont finis ». En août il a enfin une affectation et est envoyé sur le secteur de Champagne. Il est au commande d’un avion « Spad VII» et écrit le 28 : «Nous avons une chaleur terrible, la nuit nous dormons très peu, les Boches nous ennuient. Aussi, je vous assure que les quelques heures que nous pouvons dormir sont beaucoup plus reposantes sur le petit oreiller que sur le mauvais polochon de paille. Nous travaillons toujours beaucoup et faisons des choses très intéressantes. Des patrouilles en masse !"
En septembre il est affecté à l’escadrille 37 dite «Les Vautours», escadrille de chasse. Il écrit le 15 «Mon premier vol d’essai a été marqué par la casse de l’appareil…Hier matin, le Commdt d’escadrille et moi nous avons été en auto visiter une partie des pays reconquis…. Nous avons été à St Mihiel où les civils sont fous de revoir les Français. Ces pauvres gens depuis 4 ans ne s’attendaient plus à nous revoir »
Le passage d'Édouard dans l’escadrille 37 sera bref, puisqu’au matin du 26, il ramena son avion criblé de balles allemandes dans nos lignes et mourut presque aussitôt, d’un projectile qui avait entraîné la boucle de son ceinturon dans ses entrailles.
Avant de décéder, Édouard prononça ces mots : «Vous direz aux miens que je suis heureux de mourir pour la France ». Il fut décoré de la Légion d’honneur à titre posthume en 1920.