Chronique d'avril 1916 : L'organisation de l'assistance aux mutilés

De Le Wiki de la Grande Guerre
Le Petit Mantais, 05 avril 1916, page 2. ADY - PER 1063 /28

Dans son ouvrage The Great War and the British People, J. Winter estime que sur les 7 891 000 français mobilisés, près de 4 266 000 furent blessés. Si ces chiffres doivent être pris en considération avec prudence, ils témoignent toutefois de l’ampleur du phénomène puisqu’il apparaît que plus de 50 % des hommes qui servirent furent touchés.

La typologie des blessures de la Grande Guerre est révélatrice d’un conflit d’un genre nouveau. 75 % des blessures furent causées par des éclats d’obus, 23 % par des balles et 2 % par d’autres moyens. L’armement moderne est particulièrement destructeur et mutile les corps de façon jusqu’alors inconnue. Les projectiles arrachent, broient et déchirent les membres. Ils détruisent les visages. Les médecins de guerre sont dans un premier temps décontenancés face à cette violence inouïe et s’interrogent sur l’intérêt de l’amputation ou de la conservation des membres mutilés.

Cet article du Petit Mantais en date du 5 avril 1916 témoigne de la violence de guerre et du retour de milliers de mutilés dans la vie civile. Ces hommes doivent alors faire face à de graves problèmes de survie, d’insertion sociale, d’obtention de droits mais aussi de reconnaissance. L’assistance à ceux envers qui la Nation se doit d’être reconnaissante nécessite alors la mise en place d’une politique de solidarité qui est ici menée par les autorités municipales sous la houlette de la sous-préfecture. Celle-ci ne doit pas se limiter à une décoration doublée d’un dédommagement financier, mais doit se faire par la réintégration dans la société et sur le marché du travail. Des postes sont alors réservés dans l’administration et les entreprises sont invitées à privilégier l’embauche de ceux que l’on n’appelle pas encore les anciens combattants. De même, des structures adaptées à la rééducation fonctionnelle et professionnelle des mutilés de guerre sont fondées, à l’image de l’Institut militaire belge de rééducation professionnelle des grands blessés de guerre de Port-Villez.

Jean-Christophe Blanchard

Pour aller plus loin :

  • Delaporte, Sophie, Médecine et blessures de guerre, in Encyclopédie de la Grande Guerre, Bayard, Paris, 2004.
  • Winter, Jay, Victimes de la guerre : morts, blessés et invalides, in Encyclopédie de la Grande Guerre, Bayard, Paris, 2004.
  • Les mutilés ou l’envers des médailles. Exposition en ligne sur le site de la Bibliothèque nationale de France.


Téléchargez cet article au format PDF