Chronique de septembre 1917 : L'entrée en guerre des Etats-Unis
L’entrée en guerre des Etats-Unis est à la fois un évènement marquant de l’année 1917 et un tournant majeur de la Première Guerre mondiale.
La première question qui se pose lorsque l’on observe cette affiche de propagande est le problème de sa datation. Deux indices peuvent néanmoins nous aider afin d’en proposer une estimation. Le premier est qu’il est fait mention à plusieurs reprises d’un bilan de l’effort de guerre américain après six mois d’intervention dans le conflit. Or, le congrès américain a voté l’entrée en guerre le 6 avril 1917 en réaction à la « guerre sous-marine à outrance » décidée par l’Allemagne dans le but de couler les navires neutres commerçant avec les pays de l’Entente. Nous pouvons donc estimer que ce document est postérieur à octobre 1917.
Un second élément permet de proposer une datation plus précise encore. Il est en effet fait mention des « honteuses » conditions de paix « imposées à la Russie », référence sans aucun doute au traité de Brest-Litovsk qui fait perdre à la Russie 1 million de kilomètres carrés et un quart de sa population. Mais ce traité de paix n’est signé que le 3 mars 1918. L’illustration principale est par ailleurs très certainement une évocation de la vaste offensive lancée par l’Allemagne sur le front ouest à partir de mars 1918. Cette dernière a en effet été rendue possible par le nouveau contexte stratégique qui lui est totalement favorable : la révolution russe et l’effondrement de l’armée tsariste qui la suit permettent désormais de mener la guerre sur un seul front, l’Ouest, en y concentrant toutes les forces disponibles.
Le titre de l’affiche « Voilà les Américains » fait penser à une réponse apportée à la phrase prêtée à Philippe Pétain : « j'attends les chars et les Américains », par laquelle il résume sa stratégie adoptée à partir de la fin de l’année 1917.
Enfin, ce qui frappe lorsque l’on regarde ce document, c’est qu’il est très similaire à l’affiche « L’Empire Britannique en Guerre » que nous avions présentée dans la chronique de septembre 1916. Outre l’utilisation du noir et du rouge, on y retrouve les différentes vignettes qui mettent en exergue la participation chiffrée de la puissance alliée dans le cadre de l’effort de guerre. De même l’évolution de l’aide est clairement mise en évidence avec des illustrations dont la taille augmente afin de rendre le message encore plus lisible. La reprise de mécanismes identiques témoigne une fois de plus du caractère professionnel que prend la propagande lors du premier conflit mondial.
Jean-Christophe Blanchard