Différences entre versions de « Monument aux instituteurs de Seine-et-Oise morts pour la Patrie »

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Érigé dans la cour d’honneur de l’ancienne Ecole normale de Versailles, aujourd’hui Rectorat de l’Académie,  se trouve le monument dédié aux « 177 maîtres des écoles publiques de Seine-et-Oise morts pour la Patrie » (plus du quart des 667 mobilisés). Dans une circulaire du 17 juin  1921, le Recteur de l’Académie de Paris, dont dépendait alors la Seine-et-Oise,  avait demandé que « les monuments qui se dresseront dans la cour d’honneur d’un lycée ne soient pas un témoignage déprimant de douleur et de regrets, mais qu’ils rappellent la fierté, la reconnaissance, la foi en l’avenir avec lesquelles la Patrie tient à inscrire les noms des héros qui l’ont sauvée, des vainqueurs qui ont tant fait pour sa gloire. »  <br/>
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Érigé dans la cour d’honneur de l’ancienne École normale de Versailles, aujourd’hui Rectorat de l’Académie,  se trouve le monument dédié aux « 177 maîtres des écoles publiques de Seine-et-Oise morts pour la Patrie » (plus du quart des 667 mobilisés). Dans une circulaire du 17 juin  1921, le Recteur de l’Académie de Paris, dont dépendait alors la Seine-et-Oise,  avait demandé que ''« les monuments qui se dresseront dans la cour d’honneur d’un lycée ne soient pas un témoignage déprimant de douleur et de regrets, mais qu’ils rappellent la fierté, la reconnaissance, la foi en l’avenir avec lesquelles la Patrie tient à inscrire les noms des héros qui l’ont sauvée, des vainqueurs qui ont tant fait pour sa gloire. »'' <br/>
 
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Financé par une souscription publique, le monument en pierre aux instituteurs de Seine-et-Oise a été conçu par l’architecte versaillais Henri Blanchard (1873-1929). Sur un socle, précédé de deux bornes et d’une marche formant seuil où est posée une palme de bronze, s’élève un portail à voûte romane dont les ébrasements et la voussure sont réunis par une guirlande sculptée composée de feuilles de laurier, à gauche, de feuilles de chêne, à droite. Le tympan est occupé par une mosaïque portant l’inscription : « 177 maîtres des écoles publiques de Seine-et-Oise sont morts pour la Patrie, 1914-1918 ». L’arc de cercle de la mosaïque est souligné par des rinceaux de feuilles de laurier et des cocardes tricolores. A la base du tympan, formant saillie, la partie centrale du linteau est entourée dans une couronne de feuilles de laurier et de chêne, enserrées dans un ruban tricolore. <br/>
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Financé par une souscription publique, le monument en pierre aux instituteurs de Seine-et-Oise a été conçu par l’architecte versaillais Henri Blanchard (1873-1929). Sur un socle, précédé de deux bornes et d’une marche formant seuil où est posée une palme de bronze, s’élève un portail à voûte romane dont les ébrasements et la voussure sont réunis par une guirlande sculptée composée de feuilles de laurier, à gauche, de feuilles de chêne, à droite. Le tympan est occupé par une mosaïque portant l’inscription : ''« 177 maîtres des écoles publiques de Seine-et-Oise sont morts pour la Patrie, 1914-1918 »''. L’arc de cercle de la mosaïque est souligné par des rinceaux de feuilles de laurier et des cocardes tricolores. À la base du tympan, formant saillie, la partie centrale du linteau est entourée dans une couronne de feuilles de laurier et de chêne, enserrées dans un ruban tricolore. <br/>
 
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Au registre central du monument figure un bas-relief sculpté par Henri Bouchard (1875-1960), auteur d’une sculpture pour le Panthéon de Paris, Aux héros inconnus, en souvenir des soldats de la Grande Guerre. Le bas-relief de Versailles représente une jeune femme assise, la main droite levée, la gauche tenant un livre. Elle donne une leçon à un groupe de six garçons, grands et petits, qui l’écoutent sagement, attentivement. Elle est vêtue d’une robe à manches courtes et d’un tablier, assez communs, mais sa coiffure tressée à l’antique et le voile qu’elle porte sur le bras droit suggèrent une dimension allégorique. Est-elle la France ? Est-elle l’Ecole ? Se demande l’Inspecteur d’Académie, dans son discours d’inauguration, le 11 novembre 1923, avant de conclure : « L’une et l’autre, sans doute, puisque l’Ecole laïque n’est que la voix de la Patrie. » Au-dessus du groupe, dans la partie surélevée du linteau, est sculptée l’épitaphe des maîtres disparus : «  Ce fut leur dernière leçon ». Dans les Contes du lundi, Alphonse Daudet évoquait la dernière leçon de français, en Alsace-Lorraine annexée, avant l’arrivée du maître allemand. Comme l’instituteur français faisant sa dernière leçon, la jeune femme de l’allégorie semble dire à ses élèves : « Je vous prie d’être bien attentifs ». <br/>
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Au registre central du monument figure un bas-relief sculpté par Henri Bouchard (1875-1960), auteur d’une sculpture pour le Panthéon de Paris, Aux héros inconnus, en souvenir des soldats de la Grande Guerre. Le bas-relief de Versailles représente une jeune femme assise, la main droite levée, la gauche tenant un livre. Elle donne une leçon à un groupe de six garçons, grands et petits, qui l’écoutent sagement, attentivement. Elle est vêtue d’une robe à manches courtes et d’un tablier, assez communs, mais sa coiffure tressée à l’antique et le voile qu’elle porte sur le bras droit suggèrent une dimension allégorique. Est-elle la France ? Est-elle l’École ? Se demande l’Inspecteur d’Académie, dans son discours d’inauguration, le 11 novembre 1923, avant de conclure : ''« L’une et l’autre, sans doute, puisque l’École laïque n’est que la voix de la Patrie. »'' Au-dessus du groupe, dans la partie surélevée du linteau, est sculptée l’épitaphe des maîtres disparus : ''«  Ce fut leur dernière leçon »''. Dans les Contes du lundi, Alphonse Daudet évoquait la dernière leçon de français, en Alsace-Lorraine annexée, avant l’arrivée du maître allemand. Comme l’instituteur français faisant sa dernière leçon, la jeune femme de l’allégorie semble dire à ses élèves : ''« Je vous prie d’être bien attentifs »''. <br/>
 
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Les monuments aux morts de la Grande Guerre sont devenus le lieu d’un « culte républicain » . Celui des instituteurs de Seine-et-Oise apparaît comme l’entrée d’un temple républicain, à la fois gardien de la mémoire des morts glorieux et lieu de transmission des valeurs civiques aux jeunes générations. <br/>
 
Les monuments aux morts de la Grande Guerre sont devenus le lieu d’un « culte républicain » . Celui des instituteurs de Seine-et-Oise apparaît comme l’entrée d’un temple républicain, à la fois gardien de la mémoire des morts glorieux et lieu de transmission des valeurs civiques aux jeunes générations. <br/>

Version du 23 juin 2015 à 09:53

Érigé dans la cour d’honneur de l’ancienne École normale de Versailles, aujourd’hui Rectorat de l’Académie, se trouve le monument dédié aux « 177 maîtres des écoles publiques de Seine-et-Oise morts pour la Patrie » (plus du quart des 667 mobilisés). Dans une circulaire du 17 juin 1921, le Recteur de l’Académie de Paris, dont dépendait alors la Seine-et-Oise, avait demandé que « les monuments qui se dresseront dans la cour d’honneur d’un lycée ne soient pas un témoignage déprimant de douleur et de regrets, mais qu’ils rappellent la fierté, la reconnaissance, la foi en l’avenir avec lesquelles la Patrie tient à inscrire les noms des héros qui l’ont sauvée, des vainqueurs qui ont tant fait pour sa gloire. »

Financé par une souscription publique, le monument en pierre aux instituteurs de Seine-et-Oise a été conçu par l’architecte versaillais Henri Blanchard (1873-1929). Sur un socle, précédé de deux bornes et d’une marche formant seuil où est posée une palme de bronze, s’élève un portail à voûte romane dont les ébrasements et la voussure sont réunis par une guirlande sculptée composée de feuilles de laurier, à gauche, de feuilles de chêne, à droite. Le tympan est occupé par une mosaïque portant l’inscription : « 177 maîtres des écoles publiques de Seine-et-Oise sont morts pour la Patrie, 1914-1918 ». L’arc de cercle de la mosaïque est souligné par des rinceaux de feuilles de laurier et des cocardes tricolores. À la base du tympan, formant saillie, la partie centrale du linteau est entourée dans une couronne de feuilles de laurier et de chêne, enserrées dans un ruban tricolore.

Au registre central du monument figure un bas-relief sculpté par Henri Bouchard (1875-1960), auteur d’une sculpture pour le Panthéon de Paris, Aux héros inconnus, en souvenir des soldats de la Grande Guerre. Le bas-relief de Versailles représente une jeune femme assise, la main droite levée, la gauche tenant un livre. Elle donne une leçon à un groupe de six garçons, grands et petits, qui l’écoutent sagement, attentivement. Elle est vêtue d’une robe à manches courtes et d’un tablier, assez communs, mais sa coiffure tressée à l’antique et le voile qu’elle porte sur le bras droit suggèrent une dimension allégorique. Est-elle la France ? Est-elle l’École ? Se demande l’Inspecteur d’Académie, dans son discours d’inauguration, le 11 novembre 1923, avant de conclure : « L’une et l’autre, sans doute, puisque l’École laïque n’est que la voix de la Patrie. » Au-dessus du groupe, dans la partie surélevée du linteau, est sculptée l’épitaphe des maîtres disparus : «  Ce fut leur dernière leçon ». Dans les Contes du lundi, Alphonse Daudet évoquait la dernière leçon de français, en Alsace-Lorraine annexée, avant l’arrivée du maître allemand. Comme l’instituteur français faisant sa dernière leçon, la jeune femme de l’allégorie semble dire à ses élèves : « Je vous prie d’être bien attentifs ».

Les monuments aux morts de la Grande Guerre sont devenus le lieu d’un « culte républicain » . Celui des instituteurs de Seine-et-Oise apparaît comme l’entrée d’un temple républicain, à la fois gardien de la mémoire des morts glorieux et lieu de transmission des valeurs civiques aux jeunes générations.

Source :

  • - Archives départementales des Yvelines et de l’ancien département de Seine-et-Oise, 37T 416-417

Photo du monument par Paul Stouder Paul Stouder